Sweet Child O' Mine [Cross-Over/Smac]

Les jours se faisaient de plus en plus courts à Washington en cette période d'automne. La lune et l'obscurité reprenaient leurs droits vers la fin de l'après-midi. L'air était souvent glacial, le temps maussade, et par moments, la capitale semblait aussi déserte qu'une ville abandonnée. Ce jour-là, Cal Lightman s'était préparé à rentrer tôt chez lui, mais le temps qu'il réponde à un ultime coup de fil, la pluie qui s'abattait sur la ville depuis plusieurs heures avait repris de plus belle, accompagnée de violents souffles de vent. Cal soupira et décida d'attendre un peu.

"Tu risques d'attendre un moment !"

À présent assis dans son fauteuil, il releva la tête. Sa collègue Gillian Foster se tenait devant lui, vêtue d'un long imperméable beige qui lui allait à merveille. Il la trouvait vraiment belle et ne résista pas à lui en faire la remarque.

"Non, regarde, le soleil est déjà là."

Gillian rougit légèrement et baissa la tête. Il était rare que son collègue fasse des compliments, mais à chaque fois ils lui allaient droit au coeur. Surtout depuis quelques temps... Elle s'efforça toutefois de ne pas trop penser à cela. Elle ne voulait pas se trahir devant lui. Tout à coup, Cal se leva.

"En fait t'as raison. Soit je me décide, soit je passe la nuit au bureau. Je te dépose ?"
"Avec plaisir."

Ils descendirent jusqu'à la porte d'entrée et durent constater que la mini tempête était loin de s'être apaisée. Après un accord commun, ils coururent en direction de la voiture de Cal et se dépêchèrent de se mettre à l'abri. Ils n'étaient restés dehors que quelques secondes, mais ils étaient trempés jusqu'aux os. Après avoir démarré et mis le chauffage à fond, Cal se mit à parler.

"Gillian ? J'aurais quelque chose dont je voudrais te parler."

Le coeur de cette dernière fit un bond dans sa poitrine. Se déciderait-il enfin ?

"Je t'écoute."
"C'est à propos d'Emily."

Gillian essaya de ne pas lui montrer qu'elle était un peu déçue. Elle adorait Emily, mais elle aurait préféré que Cal lui parle d'autre chose ce soir. D'eux.

"En fait elle... tu sais qu'elle va bientôt quitter le lycée. Et l'autre jour elle a vu un reportage sur la police scientifique, et elle m'a dit que c'était ce qu'elle aimerait faire."
"C'est une excellente idée je trouve, c'est un métier intéressant."
"Je sais mais... tu ne crois pas que c'est un peu risqué ?"
"Cal ! Pas plus que ce que l'on fait nous..."
"Oui, c'est vrai..."
"Et puis, si c'est vraiment ce qu'elle veut faire, j'ai quelque chose qui pourrait l'intéresser."
"Ha oui ?"

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Deux heures plus tard, dans le climat beaucoup plus estival de New York, Brigham Sinclair vint frapper à la porte du bureau de Mac Taylor. Un léger sourire passa sur son visage.

"Chaque soir que je passe ici Mac, je me dis que ce sera peut-être celui où vous aurez décidé de rentrer chez vous à une heure décente, et chaque soir je dis que ça n'arrivera jamais."

Mac sourit à son tour et demanda à son chef la raison de sa venue.

"Vous connaissez les docteurs Cal Lightman et Gillian Foster ?"
"Il me semble avoir déjà entendu leurs noms."
"Ce sont les fondateurs du groupe Lightman. Ils se spécialisent dans la détection de mensonges et..."
"...l'analyse du non-verbal, je m'en souviens maintenant."
"C'est exact. Quand j'étais au Pentagone, j'ai travaillé avec Gillian. Une femme charmante. Et ce soir elle m'a appelé. La fille de Lightman, Emily, s'intéresse à la police scientifique. Gillian m'a demandé s'il était possible de l'accueillir quelques temps pour qu'elle puisse voir si cela lui plaît réellement ou pas. J'ai naturellement accepté et je pensais qu'elle pourrait venir avec votre équipe, qu'en pensez-vous ?"
"Ce sera avec plaisir."
"J'étais sûr que vous diriez cela. Elle arrive demain."

Deux jours plus tard, un temps clément était revenu sur la capitale des Etats-Unis. Pourtant l'orage n'était pas loin, d'une certaine façon. Ce matin-là, Gillian reçut un coup de fil.

"Allô ?"
"Gillian ? C'est Brigham."
"Tout va bien ?"
"Dis-moi, tu avais bien dit à Emily qu'on l'attendait mercredi ?"
"Oui."
"Toi ou Lightman avez eu des nouvelles d'elle ?"
"Hé bien... non... Qu'est-ce qu'il se passe ?"
"Elle n'est pas là."
"Comment !?"
"Elle n'était pas à la descente du train en provenance de Washington, ni mercredi ni hier."
"Ce n'est pas possible..."
"Je voulais m'assurer qu'elle n'était pas restée chez elle avant de lancer officiellement les recherches."
"Brigham, il doit y avoir une erreur, elle n'a pas pu..."
"Tu la connais mieux que moi. A-t-elle l'habitude de s'en aller sans prévenir ?"
"Non..."
"Alors je pense qu'il est plus prudent de la porter disparue. Si ce n'est pas son genre, sans vouloir te faire peur, c'est que quelque chose a dû arriver."
"Je n'arrive pas à y croire..."
"Quoi qu'il se soit passé, je te promets que nous la retrouverons. Deux agents sont sur le point de partir pour venir vous interroger. Je peux te demander une dernière chose ?"
"Ce que tu veux."
"Je crois qu'il serait préférable que Lightman apprenne cela de toi plutôt que par téléphone ou en voyant la police débarquer chez lui."
"Bien sûr."

Lentement, Gillian raccrocha et laissa tomber son portable sur son bureau. Tout lui semblait irréel. Emily n'avait pas pu profiter de l'occasion pour partir, elle le savait. Jamais elle n'aurait fait ça. D'un autre côté, elle préférait cela plutôt que d'apprendre qu'il lui était arrivé malheur. Mais c'était à Cal de juger ce qu'il valait mieux pour sa fille, et elle partit lui annoncer la nouvelle. Elle frappa doucement à la porte et entra sans attendre qu'il l'y invite. Comme toujours, il était plongé dans son travail, les yeux rivés sur l'écran de l'ordinateur. Il releva la tête une fraction de seconde puis se remità pianoter sur le clavier.

"Désolé Gillian, j'ai juste ce truc à terminer et je suis à toi."
"Cal..."
"J'en ai pour une minute."
"CAL !"

Le cri inattendu de son amie le fit sursauter et il se leva brusquement de son fauteuil. Gillian semblait tétanisée. Il ôta ses lunettes et s'approcha d'elle. Il posa une main sur son épaule.

"Hey ! Qu'est-ce que tu as ?"
"Cal, c'est Emily..."
"Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?"
"Brigham m'a appelée, elle a disparu !"
"QUOI ?"
"Il dit qu'elle n'est jamais arrivée à New York."

Ils furent interrompus par un jeune stagiaire venu apporter un dossier, qui se fit copieusement enguirlander par Cal. Il lui ordonna d'informer le reste du groupe que personne ne devait plus entrer. Puis il reporta son attention vers Gillian, qui vit avec effroi que sa surprise avait laissé place à de la colère.

"Je croyais qu'ils étaient sûrs, tes amis."
"Ce n'est pas de leur faute."
"C'est de la mienne peut-être ?"
"Je n'ai pas dit ça..."
"À peine..."
"Cal, ils vont la retrouver. Brigham a envoyé deux agents pour enquêter."
"DEUX agents !? Heureusement que c'est ton ami, on aurait eu quoi sinon ? Un inspecteur à la retraite du genre Derrick ?"
"Si ça ne te convient pas, je peux toujours appeler Jack Malone, il s'occupe du service des personnes disparues au FBI."
"C'est un de tes amis aussi ?"
"On a travaillé ensemble et..."
"Alors non merci. Quand on voit ce que font tes "amis" on se passera d'un autre écervelé du genre... JE vais m'en occuper."
"Non ne fais pas ça."
"Non Gillian, c'est fini le temps où je disais amen à tout pourvu que ce soit toi qui parlait. Si je ne t'avais pas écouté, Emily serait encore là et pas on ne sait où. Tes conseils, tes soi-disant amis super doués, merci, j'en veux pas. Tu les informes si tu veux, moi je ne vais pas rester les bras croisés à attendre qu'ils me ramènent un cadavre. Je le ferai que tu le veuilles ou non, et peut-être même encore plus si tu ne le veux pas."
"Cal..."
"Non, plus de Cal, plus rien. C'est ta faute tout ça."

Il attrapa sa veste et partit, claquant la porte en sortant. Il restait persuadé qu'il y avait une explication. Emily n'avait pas pu être enlevée ou agressée. Il décida d'aller faire le tour de tous les endroits où elle pouvait être, puis d'informer Zoé. En route, il repensa à Gillian. Il savait qu'il avait été dur avec elle. Mais il était trop tard pour reculer.

Gillian, quant à elle, était restée aussi abasourdie que possible face à l'attitude de Cal. Elle tentait désespérément de comprendre sa réaction mais elle n'y arrivait pas. En réalité ce qu'elle ne saisissait pas, c'était la démesure. Elle comprenait qu'il puisse être inquiet, en colère mais pas à ce point-là, et pas contre elle. Mais il lui était difficile de discerner les choses en ce moment, tant elle souffrait. Elle n'arrivait même plus à se demander où Emily pouvait bien être. Elle ne voyait que le visage de Cal se retournant vers elle et lui disant que tout était terminé. Leur amitié brisée. L'amour changé en haine. Elle fut tirée de ses pensées et de ses larmes par Ria, qui entra silencieusement dans le bureau.

"Gillian, deux hommes sont là. Ils sont de la police de New York."
"Je sais."
"Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi vous pleurez ?"
"Emily a disparu."
"Ce n'est pas possible !"
"J'aimerais tellement te dire que c'est le cas."
"Mais ce n'est pas pour ça que vous êtes dans cet état."
"C'est indirectement pour ça."
"La raison directe est partie précipitamment il y a un quart d'heure ?"
"J'aurais trouvé ta déduction impressionnante si je ne t'avais pas engagée pour ce genre de choses."
"Vous voulez en parler ?"
"C'est gentil mais je pense que la police a plutôt besoin de nous d'abord."
"C'est vrai. Je les fais entrer. Je suis là si besoin."
"Merci Ria."

Cette dernière se retira tandis que Gillian séchait ses larmes. Elle regarda son petit miroir de poche pour s'assurer que ses yeux n'étaient pas trop rouges puis elle se leva pour accueillir les deux agents.

"Bonjour messieurs."
"Docteur Foster, je suis le Lieutenant Taylor et voici le lieutenant Flack. Comme vous vous en doutez, nous avons quelques questions à vous poser. Enfin plus précisément nous souhaiterions parler au Docteur Lightman."
"Il n'est pas là."
"Où peut-on le trouver ?"
"Je n'en ai pas la moindre idée... Il est parti tout à l'heure."

Elle raconta, le coeur serré, ce qu'il s'était passé. Mac décida de ne pas faire rechercher Cal. Il se doutait qu'il était parti à la recherche de sa fille.

"Cela ne fait rien. Vous pourrez sûrement nous aider."
"Je vais faire de mon mieux."
"Je dois vous demander ce que vous faisiez mardi matin."
"Cal devait emmener Emily à la gare pour 9h30 et nous avions un rendez-vous prévu avec un client important à 9h, j'y suis donc allée. J'ai quitté mon appartement à 8h30 et je suis arrivée là-bas pour 8h50. J'y suis restée jusqu'à 11h et je suis revenue ici."
"Par pure formalité vous savez que nous devons vérifier."
"Bien sûr. Mon emploi du temps avec le nom du client et son adresse sont sur ce carnet."
"Merci. Maintenant parlez-nous un peu d'Emily."
"Elle est adorable. Avant que vous ne me le demandiez ce n'est pas du tout son genre de fuguer ou quoi que ce soit de ce genre."
"Nous devons étudier toutes les pistes pour le moment. Auriez-vous une idée d'où elle aurait pu aller si elle avait eu envie de partir ? Chez une amie, de la famille ?"
"Perdez pas votre temps à vérifier, elle n'est nulle part."

Gillian, Mac et Don se retournèrent. Cal se tenait sur le seuil de la porte, suivi de Zoé qui avait du mal à garder son calme et les larmes. Ils entrèrent dans la pièce et s'assirent à leur tour, après s'être présentés.

"Comment en êtes-vous sûr Docteur ?"
"J'ai été partout. À son lycée, chez son petit ami, chez sa meilleure amie, chez les voisins, les amis, ses endroits préférés. Personne ne l'a vue et personne n'a de nouvelles."
"Bon... Ce n'est peut-être pas une bonne nouvelle mais au moins cela va faire avancer l'enquête. Je ne voudrais pas vous inquiéter plus que vous ne l'êtes déjà mais... il est de plus en plus vraisemblable qu'elle ait été enlevée."

À ces mots, Zoé frémit et saisit la main de Cal. Don s'efforça de la rassurer.

"Madame ne vous en faites pas, nous ferons tout notre possible pour la retrouver."
"Pour cela nous allons devoir procéder à un certain nombre de vérifications et nous allons avoir besoin de vous, tous les trois. Gillian, je voudrais que vous réunissiez les employés, nous allons devoir les interroger. Zoé, allez chez vous et rapportez-nous un vêtement que votre fille aime porter. Et si vous aviez aussi son téléphone, son ordinateur ou un autre endroit où elle aurait pu noter des choses inhabituelles. Quant à vous Cal, il nous faudrait la liste de tous ses amis, proches ou non."
"Bien sûr."

Ils partirent les trois à la suite, laissant mac et Don seuls dans le bureau. Celui-ci se retourna vers son chef.

"Mac, je ne pense pas que ce soit utile de vérifier l'alibi de Gillian, elle a l'air bouleversée."
"C'est vrai. Mais quand même si vous avez un moment, faites-le, il ne faudrait rien négliger."
"J'y vais. Je vous retrouve après pour les interrogatoires."

Flack sortit à son tour. Mac s'apprêtait à le faire également lorsque son téléphone sonna. Il le sortit de sa poche et lut machinalement le nom qui s'affichait avant de décrocher. Mais ce matin-là, ce geste banal le cloua sur place.

"S...Stella ?"
"Bonjour Mac."

Il n'avait pas entendu sa voix depuis qu'elle était partie. Et tant de choses étaient restées inexpliquées entre eux. Était-ce pour cela qu'elle appelait ?

"Comment vas-tu depuis... tout ce temps."
"Ça ne fait que quelques mois Mac."
"Ha. De mon point de vue ça semblait plus long. De ce fait je suppose que tu ne m'appelles pas pour savoir comment je vais."
"Pourquoi tu dis ça ?"
"Je n'ai pas l'air de te manquer beaucoup."
"Je n'ai pas dit ça !"
"Laisse tomber... qu'est-ce que tu veux ?"
"C'est bien toi qui t'occupe de l'affaire Lightman ?"
"Comment sais-tu ça ?"
"C'est toi ou je dois m'adresser à quelqu'un d'autre ?"
"Oui c'est moi."
"On l'a retrouvée."

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"Oh Dieu soit loué elle est vivante !"

Cal n'était pas aussi sûr que son ex-femme que Dieu y soit pour quelque chose, mais il n'en était pas moins aussi heureux et soulagé. Mac leur expliqua brièvement qu'une jeune femme l'avait emmenée à l'hôpital après l'avoir découverte errant dans une ruelle. Il n'avait pas plus d'explications pour le moment mais il pouvait leur affirmer qu'elle n'était plus en danger. Cependant, leur joie se transforma en incrédulité lorsqu'il leur apprit où elle avait été retrouvée.

"À la Nouvelle Orléans ! Mais c'est impossible !"
"La police locale l'a pourtant retrouvée là-bas Docteur Lightman."
"Mais elle ne connaissait personne là-bas, elle n'avait aucune raison d'y aller."
"Nous serons bien fixés. Un vol part dans une heure pour la Louisiane, nous allons continuer l'enquête là-bas. Je suppose que vous venez avec nous ?"
"Evidemment !"

Cal se dépêcha de prendre ses affaires tandis que Mac essayait de remettre de l'ordre dans les évènements. Il avait reçu un coup de fil de son ancienne meilleure amie quelques heures auparavant, amie dont il n'avait plus eu de nouvelles depuis son départ précipité il y a quelques mois. Départ qui avait été pour le moins bizarre. Un matin habituel, une enveloppe habituelle sur son bureau habituel, avec à l'intérieure une lettre radicalement inhabituelle. Une lettre de démission. Il avait à peine effleuré du regard les explications. Ce qui comptait était qu'elle était partie. Il avait voulu l'appeler mais il n'en avait pas eu le courage. Pour lui dire quoi ? À quoi servait-il désormais de lui dire qu'elle était tout pour lui et qu'il l'aimait plus que n'importe quoi. Non décidément cela était inutile. Décidément il détestait les lettres.
Il avait ressenti plus de joie à savoir que la fille de Lightman était toujours en vie plutôt que d'entendre la voix de Stella. Et il s'apprêtait à présent à devoir l'affronter.

C'était aussi ce que Cal faisait à quelques pas de lui. Il venait de rentrer de chez lui avec un petit sac à dos contenant ses affaires et se tenait maintenant devant la porte du bureau de Gillian. Il frappa doucement et entra.

"Qu'est-ce que tu veux ? Tu t'es rappelé d'un truc à me reprocher ?"
"Ecoute je suis vraiment désolé. Je n'aurais pas dû te parler comme ça, je l'ai fait sans réfléchir, sans le penser."
"Quand on est en colère contre quelqu'un, on a pas peur de lui dire la vérité en face parce qu'on a plus peur de le blesser."
"Gillian, je t'assure que je ne le pensais pas."
"Maintenant peut-être, mais avant si, tu le pensais. Et c'est la même chose."
"Je sais que tu m'en veux, je comprends mais s'il te plaît pardonne-moi. Je m'inquiétais tellement que je n'ai pas mesuré ma colère et ce que je disais. C'est arrivé et ça n'aurait pas dû. Tu n'y es pour rien. J'ai besoin que tu sois avec moi. Personne d'autre ne peut m'aider. Je sais que c'est ma faute si tu es dans cet état et je comprendrais bien que tu me laisses tomber mais c'est de ton soutien que j'ai besoin. S'il te plaît pardonne-moi et viens avec moi à La Nouvelle-Orléans, je t'en prie."

Gillian le regarda un long moment. Elle avait du mal à se rendre compte à quel point il avait pu changer en une journée. Elle le reconnaissait à peine. Silencieusement, elle acquiesça. Il la remercia dans un souffle et la serra brièvement dans ses bras, comme s'il n'avait pas réellement le droit de faire ça à un moment pareil, puis tous deux rejoignirent Mac et Don.

Peu après cela, ils arrivèrent à l'aéroport. Ils y retrouvèrent Jo Danville et Sheldon Hawkes, qui venaient d'arriver de New York. Après les présentations, Sheldon partit pour le groupe Lightman. Il allait être le représentant de la police à Washington et travaillerait aux interrogatoires avec Eli et Ria. Quand à Mac, Jo, Don, Cal, Zoé et Gillian, ils embarquèrent à destination de la Louisiane, chacun préoccupé par des choses différentes.

Cal se demandait dans quel état il allait retrouver sa fille.
Zoé se demandait la même chose, ainsi que la raison pour laquelle son ex-mari avait tenu à ce que Gillian vienne.
Gillian se demandait ce qu'elle ressentait réellement pour son ami.
Mac se demandait comment allait se passer ses retrouvailles avec Stella.
Don se demandait comment résoudre l'enquête avant le match des Yankees qu'il devait aller voir avec Danny.
Jo se demandait comment elle allait retrouver la maison à son retour.

Et les heures de vol passèrent aussi vite que la perturbation rencontrée au-dessus de l'Alabama.

Peu avant l'atterrissage, Mac commença à se sentir anxieux. À quelques kilomètres de lui à présent se trouvait Stella, et de ce fait, une partie de son passé. Très importante partie. Malgré lui, il s'agrippa à l'accoudoir de son siège, ce que Jo ne manqua pas de remarquer.

"Vous avez peur ?"
"On peut dire ça..."
"Ce n'est pas la première fois que vus prenez l'avion pourtant non ?"
"Ce n'est pas à cause de l'avion."
"Vraiment ? Parce que si jamais ne vous en faites pas, ils ne s'écrasent pas à chaque coup."

Au regard que lui lança son supérieur, elle se rendit compte de l'immense gaffe qu'elle venait de commettre.

"Oh Mac je suis vraiment désolée ! Ce n'est pas ce que je voulais dire."
"Ne vous inquiétez pas."
"Je vous assure que ce n'était pas volontaire."
"Je sais, c'est pour ça que vous n'avez pas à vous en faire."

Jo fut rassurée d'entendre la voix de l'hôtesse annoncer l'arrivée imminente à l'aéroport, ce qui mit fin à ce moment de gêne. L'avion se posa sans encombres quelques minutes plus tard sur la piste et les passagers commencèrent à descendre. Tous les six récupérèrent leurs bagages et se rendirent comme prévu à l'entrée du bâtiment, où ils aperçurent Stella, accompagné d'une jeune femme qu'ils ne connaissaient pas. Elle n'avait pas changé. Depuis l'endroit où il se trouvait, Mac pouvait aisément voir ses longs cheveux boucler danser au rythme de la brise qui soufflait. Rien qu'à cette distance il pouvait voir à quel point elle était magnifique. Un léger sourire s'étala sur son visage lorsqu'elle les vit arriver. Avant d'attaquer les retrouvailles, elle informa Cal, Gillian et Zoé que c'était sa jeune collègue, Tess Cole, qui allait se charger de les conduire à l'hôpital. Ils se hâtèrent donc de partir avec cette dernière et Stella se retrouva seule avec Jo, Mac et Don. Ce dernier arborait un large sourire.

"Ça fait plaisir de te revoir Stella."
"Je suis contente aussi."

Elle prit son ami dans ses bras. Après cette brève étreinte, Don présenta Jo à Stella. Les deux jeunes femmes se serrèrent la main puis Don, avec un léger clin d'oeil, dit à Stella qu'ils allaient prendre un taxi pour les emmener au commissariat de la ville. De ce fait, Mac et Stella se retrouvèrent tous les deux. Après un moment de gêne, l'un comme l'autre ne sachant comme réagir, Mac s'approcha sans un mot et attira Stella contre lui.

"Tu me manques Stella, terriblement."
"Toi aussi Mac."
"Pourquoi tu es partie alors ?"
"Tu... tu ne comprendrais pas."

Comment lui avouer qu'elle était partie à cause de Peyton ? Depuis plusieurs années déjà, elle savait qu'elle ressentait plus que de l'amitié pour Mac. Elle n'avait pas supporté de voir Peyton revenir. Avant il lui suffisait de voir Mac heureux pour l'être à son tour. Maintenant il fallait qu'il soit heureux, mais avec elle. Elle avait préféré tenter de l'oublier en s'en allant, cachant sa véritable raison sous le prétexte d'une envie de promotion.
Ce qu'elle ne savait pas, c'est que Mac n'avait eu aucunement l'intention de sortir à nouveau avec Peyton. Et que tout le monde se doutait bien qu'elle n'avait pas quitté son poste dans la plus prestigieuse police scientifique du pays uniquement pour être chef d'équipe, mais qu'en réalité c'était son propre chef le problème. Lui ne se doutait de rien bien sûr. Si tel avait été le cas, l'histoire se serait déroulée différemment, de même que s'ils avaient osé regarder la vérité en face. Et ni l'un ni l'autre ne serait déchiré en ce moment.

Après le moment de silence qui avait accompagné la réflexion de Stella, ils se dirigèrent tous les deux vers sa voiture et partirent rejoindre les autres dans les bureaux de la police de la Nouvelle-Orléans.

Pendant ce temps, Tess avait déposé Cal, Gillian et Zoé à l'hôpital. Tous trois se dirigèrent avec anxiété vers l'accueil. Une infirmière leur indiqua le numéro de la chambre d'Emily, où ils s’empressèrent de se rendre. Le médecin qui s'occupait d'Emily en sortait justement.

"Vous êtes la famille je suppose ?"
"Comment va-t-elle ?"

À cette question, le docteur Downey se tut et prit cet air mystérieux qui ne présage jamais rien de bon. Cependant, voyant qu'ils commençaient à s'affoler, il se hâta de les rassurer.

"Je ne vais pas vous mentir, elle n'est pas au meilleur de sa forme."
"Mais la police nous a dit qu'elle était hors de danger."
"Je n'ai pas dit qu'elle était à l'article de la mort. Physiquement, elle s'en remettra."
"Vous voulez dire qu'il y a autre chose ?"
"C'est le plus préoccupant. Si ses blessures sont superficielles, elle semble profondément choquée."
"Elle semble ?"
"Elle refuse de parler à quiconque. Elle ne veut pas dire ce qu'il s'est passé. Nous n'avons donc aucune certitude, si ce n'est qu'elle n'a pas été violée."
"C'est déjà un soulagement."
"Oui. Vous pouvez aller la voir. Si elle arrive à vous dire quelque chose, prévenez-nous."
"Bien sûr."

Dès que le médecin se fut éloigné, Zoé s'engouffra dans la chambre, suivie de Cal. Gillian, n'étant pas de la famille, s'assit sur une chaise disposée dans le couloir. De là où elle était, elle pouvait assister aux retrouvailles de la famille Lightman. Cal et Zoé se précipitèrent sur Emily et la serrèrent dans leurs bras. Mais peu après, l'euphorie provoquée par la vue de leur fille en vie laissa place à une nouvelle angoisse dans le coeur des deux parents, car ce que le docteur avait dit s'avérait. La jeune fille ne manifestait aucune joie, aucun bonheur, aucun soulagement à la vue de son père et de sa mère. Son regard se perdait au loin, fixant un point invisible sur le mur d'en face. Elle ne bougeait pas, ne clignait pas des yeux. C'est à peine si l'on devinait sa poitrine se soulever au cours de sa respiration. En réalité, seul le moniteur cardiaque permettait de savoir qu'elle était encore vivante. Cal regarda son ex-femme d'un air légèrement effrayé. Il alla s'asseoir à ses côtés. Tous deux essayèrent encore une fois d'entrer en contact avec leur fille.

"Emily ? Tu m'entends ?"
"Em' c'est Papa. Réponds-moi chérie je t'en prie."

Ne recevant aucune réponse, Zoé prit la main de Cal et se mit à pleurer. Il la prit doucement dans ses bras pour la rassurer, bien qu'il ne le soit pas lui-même. C'était un supplice pour lui de voir son enfant ainsi. Ils restèrent ainsi un moment, espérant à chaque fois qu'ils relevaient la tête qu'ils verraient Emily leur sourire, mais ils ne furent interrompus que par une infirmière venue renouveler la perfusion et apporter quelques nouvelles.

"Elle vous a parlé ?"
"Non."
"Bon, dans ce cas le docteur Downey a dit qu'il valait mieux la garder en observation quelques jours, si vous n'y voyez pas d'inconvénients."
"Non, bien sûr, faites ce qu'il y a de mieux pour elle."
"Le lieutenant Taylor demande également que l'un d'entre vous reste avec elle, pendant que l'autre vient aider à l'enquête. Comme on ne sait pas ce qu'il lui est arrivé, il a dit que ce serait plus sûr."
"Je vais rester, Cal."
"D'accord. Je viendrai te relayer plus tard."

L'infirmière sortit et Cal fit de même, après avoir déposé un baiser sur le front de sa fille. Il se retrouva face à Gillian.

"Pourquoi tu n'es pas venue tout à l'heure ?"
"C'est réservé à la famille."
"Tu fais partie de la famille."

Cal l'aida à enfiler son manteau, puis ils partirent rejoindre Mac, Jo, Don, Stella et son équipe au poste, tandis que Gillian se demandait à quelle place de la famille Cal l'associait-il.