Merci Nana-csi!!
Et zoup,une très longue suite!!
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19- Rencontre avec les Flack
La lumière scintillante l’avait cette fois poursuivie dans son tunnel temporel mais Stella avait encore réussi à lui échapper. S’assurant qu’elle avait bel et bien disparu, la jeune femme se tourna pour voir dans quel nouvel endroit elle se trouvait. Et elle sut.
Mars 2006. Plaza Hotel Don Flack Jr attendait patiemment sa compagne, Stella Bonasera, qui était certainement encore au laboratoire de la police scientifique. Elle devait terminer un rapport d’enquête et comptait le rejoindre par la suite.
Le jeune détective regarda sa montre et remua une nouvelle fois ses épaules. Vraiment ! Il n’y avait que ses parents pour avoir l’idée de faire une soirée mondaine pour leur anniversaire de mariage. Le jeune homme avait l’habitude des costumes mais détestait les smokings…En particulier celui-ci. Il avait l’impression de ressembler à un pingouin qui se serait perdu en plein New York. Et puis, il se sentait engoncé là-dedans ! Mais sa mère avait furieusement insisté…Elle avait juste oublié qu’il ne l’avait plus mis depuis cinq ans_ il avait réussi à échapper aux autres anniversaires grâce à une enquête miraculeusement tombée du ciel_ et son smoking était devenu trop petit pour lui aujourd’hui. Et pour en rajouter une couche, toute sa famille était là ! Quelle misère… Mais d’un autre côté, c’était une bonne occasion pour leur présenter Stella. Comme ça, ses parents cesseraient de chercher à le caser avec une jeune fille au CV idéal à leurs yeux. Son père y tenait particulièrement car il voulait que la lignée des Flack se perpétue. Don était son enfant unique, son fils unique, il comptait donc sur lui pour prolonger la légende des Flack dans la police.
Stella arriva enfin, sortant d’un taxi, et rejoignit le jeune détective, qui l’observait intensément et qui semblait avoir la mâchoire au sol. La scientifique était superbe dans sa robe d’un beau vert émeraude, comme l’était ses yeux, avec quelques reflets bleus, et ses épaules étaient recouvertes par un joli châle rouge vif. Ses cheveux incroyablement bouclés étaient lâchés et encadrés joliment son visage, lui donnant l’aspect d’une déesse grecque que Flack avait vue dans ses livres d’histoire au lycée. Elle portait aussi le collier et le pendentif que le jeune homme lui avait offerts et était maquillée sans excès. Par contre, une chose contrastait avec cette magnifique apparition : une housse noire, contenant certainement des vêtements. Bizarre…
Stella (un peu essoufflée) : Désolée d’arriver en retard. Mais le temps de me changer et de te ramener ça…
Don (intrigué) : Justement, c’est quoi ?
Stella : Quelque chose qui t’ira mieux que ce smoking…Tu es bien dedans mais ça te rend un peu…austère bizarrement…Et puis, il a l’air manifestement trop petit…
Don (grimaçant) : Merci. Mais j’ai pas eu trop le choix…
Stella (avec un grand sourire) : Et bien, je t’en amène un autre.
La scientifique tira Flack par la manche, l’entraînant à l’intérieur de l’hôtel, et demanda à un des grooms s’ils pouvaient disposer d’une pièce pour se changer. L’employé les mena poliment à un petit vestiaire et Stella le remercia avec un pourboire.
La jeune femme suspendit la housse qu’elle finit ensuite par ouvrir, découvrant un très beau et très élégant costume d’un magnifique bleu outremer, une chemise impeccable et une cravate d’un joli camaïeu de bleus.
Don (hésitant) : Heu…Stella…Je ne suis pas sûr…
Stella : Don, ton smoking a l’air trop petit pour toi et tu sembles mal à l’aise…
Don : C’est sûr qu’il est trop petit…Je ne l’ai pas mis depuis mes 23 ans…
Stella (étonnée) : Tu grandissais encore ?
Don (soupirant) : Ouais… Ça s’est arrêté à mes 25 ans…Et j’ai aussi pris un peu de muscles entre temps…
Stella (coquine) : En effet… (redevenant sérieuse) Allez, dépêche-toi, sinon, on va vraiment finir par être en retard !
La jeune femme lui retira sa veste de smoking, qui finit par craquer, et dénoua son nœud papillon rapidement. Flack s’attaqua à sa chemise, mit celle que Stella lui tendait et changea de pantalon. Il finit par mettre sa nouvelle veste pendant que la scientifique noua sa cravate d’une main experte.
Stella (satisfaite) : Voilà ! Tu es parfait comme ça ! Ça te ressemble plus.
Don : Merci…
Stella : Sinon, tu es bien dedans ?
Don (roulant des épaules) : Oui. D’ailleurs, d’où sort ce costume ?
Stella : Je l’ai acheté. (le voyant prêt à protester) Ne dis rien ! Je peux bien t’offrir un costume, non ?
Don : Bien sûr, mais…
Stella (lui prenant la main et saisissant la housse) : Bien. Allons-y.
Les deux policiers sortirent du vestibule et confièrent la housse, contenant maintenant le smoking, à l’accueil de l’hôtel. Le couple se dirigea enfin vers la salle de réception et virent le panneau placé devant l’entrée annonçant : « Réception pour le trentième anniversaire de mariage de Donald et Helena Flack ». Don proposa alors son bras à Stella qui l’accepta en rougissant. Elle glissa donc son bras sous le sien et tous deux avancèrent vers la salle de réception.
*
Mars 2006. Salle de réception du Plaza Hotel Don et Stella entrèrent dans l’immense et magnifique salle et s’arrêtèrent, observant la foule quelques instants. Flack se pencha vers elle et lui chuchota à l’oreille.
Don : Je préfère te prévenir tout de suite, certains membres de ma famille sont quelque peu…heu…exaltés.
Stella (avec un grand sourire) : J’ai hâte de voir ça.
Don leva les yeux au ciel, inquiet, et finit par prendre plusieurs profondes inspirations avant de s’enfoncer dans la foule, entraînant Stella avec lui. Ils atteignirent rapidement le buffet et prirent chacun une flûte de champagne proposée par un serveur. Ils commencèrent à discuter tranquillement quand Flack entendit soudain une voix qu’il connaissait trop bien et se crispa immédiatement sous le regard intrigué de Stella. Pitié, pas elle…
Sarah (criant à la volée) : Donnie ! Donnie !
Stella (étonnée) : Donnie ? Je croyais que tu n’aimais pas qu’on t’appelle comme ça…
Don (grimaçant) : Tu comprends mieux pourquoi…
Stella ne put s’empêcher de rire devant l’expression plaintive et craintive du jeune détective face à l’arrivée de cette petite bonne femme pleine de vie. Elle arriva enfin à leur niveau, un grand sourire aux lèvres, alors que Don essayait vainement de se cacher derrière Stella. La scientifique observa rapidement la petite femme : des cheveux châtains et souples, un visage un peu rond mais à l’air amical et convivial et des yeux bleus, proche de ceux de Don. Elle était aussi légèrement enveloppée ce qui accentuait sa bonhomie. En fait, Stella trouva immédiatement cette femme sympathique.
Sarah (les mains sur les hanches, haussant un sourcil) : Et bien, Donnie ? On ne salue plus sa bonne vieille tante Sarah ?
Don (soupirant, étreignant rapidement sa tante) : Si, si. Bonsoir, Sarah.
Sarah (insistante) : Tante Sarah.
Don (soupirant) : Je ne suis plus un gosse…
Sarah (lui tapant le dos avec force, lui faisant presque renverser son champagne) : Tu resteras toujours mon p’tit Donnie, tu le sais bien !
Don (se frottant l’épaule et grommelant) : Ouais, c’est bien là le problème.
Stella n’avait jamais vu Don comme ça et se mordait les lèvres pour ne pas rire. Quel spectacle ! Et quelle femme !
Sarah finit par remarquer la présence de Stella aux côtés du jeune homme et haussa les sourcils, intriguée.
Sarah (avec un ton de reproche) : Tu es venu accompagné et tu ne me présentes pas. Quel manque d’éducation, Donnie !
Don (irrité) : Si tu me laissais en placer une, ça serait déjà fait ! Stella, voici ma tante, Sarah Connel-Flannigan. (avec un sourire pincé) Tante Sarah, je te présente Stella Bonasera.
Sarah (serrant la main de la scientifique) : Enchantée, Stella. Et vous êtes qui, exactement, pour Donnie ?
Stella (rougissant) : Heu…
Don (protestant) : Sarah !
Sarah (jetant un rapide coup d’œil vers son neveu, levant un index pour lui imposer le silence) : Tante. (revenant à Stella) Alors ?
Stella (se sentant soudain timide) : Je suis…sa petite amie.
Sarah (surprise) : Vraiment ? (sifflant et regardant Don) Dis donc, elle est loin de la dernière que tu nous avais ramenée il y a cinq ans. (plissant les yeux en cherchant dans sa mémoire) Une blonde siliconée un peu stupide, je crois… Même si elle était avocate.
Don (aussi rouge qu’une tomate) : Tante Sarah !
Stella était morte de rire. Il n’y avait pas à dire, elle adorait cette femme. Elle mettait si facilement Don en boîte…
Sarah (soupirant exagérément) : Holàlà, Donnie, calme-toi. Ton amie a plus d’humour que toi.
Don (bougonnant et retournant à son champagne) : Grmmbl…
Le jeune détective préféra laisser les deux femmes discuter entre elles. Mais, après réflexion, il se demanda si c’était une si bonne idée. Sa tante était tellement imprévisible… Don laissa donc traîner une oreille.
Sarah : Bien. En attendant que notre mignon petit détective cesse de bouder (sentant le regard meurtrier de Don posé sur elle, elle sourit avec défi et malice) , faisons donc connaissance. Que faites-vous dans la vie, Stella ?
Stella : Je suis lieutenant dans la police scientifique.
Sarah (surprise) : Une scientifique ? Vraiment ? (se tournant vers Don) Tu les choisis enfin cérébrale. C’est bien, Donnie !
Stella se retint de rire en voyant Flack se hérisser aux paroles de sa tante. Incroyable ! Cette femme était incroyable !
Sarah (revenant à Stella) : Et vous sortez avec mon adorable neveu depuis longtemps ?
Stella : Huit mois. Bien que je le connaisse depuis plus longtemps…
Sarah (curieuse) : Oh ? Et comment en êtes-vous arrivés à sortir ensemble ?
Là, Don s’inquiéta. Ne voulant pas que Stella se remémore l’horrible affaire Scott Owen, il préféra intervenir.
Don (avec sévérité) : Ça suffit ! Tu lui fais subir un véritable interrogatoire.
Sarah : Tes parents risquent de faire de même…Et en pire…En plus, ils ont ramené une jeune femme pour te la présenter.
Don (soupirant plaintivement) : Encore ! Je leur avais dit de cesser de s’occuper de ma vie sentimentale.
Sarah (navrée pour son neveu) : Tu connais ton père…
Flack soupira et reprit une flûte de champagne, réfléchissant au moyen d’échapper à cette future corvée. Sarah en profita pour reporter son attention sur Stella et remarqua l’expression triste de son visage.
Sarah (inquiète) : Stella ? Que vous arrive-t’il, ma jolie ?
Entendant la voix inquiète de sa tante, Don se retourna et vit Stella au bord des larmes. Il vint l’enlacer immédiatement et lui caressa tendrement les cheveux tout en lançant un regard de reproche à sa tante.
Don (avec colère) : Regarde ce que tu as fait !
Sarah (contrite) : Stella, je suis désolée si je vous ai dit quelque chose de blessant…
Stella : Ce n’est pas votre faute. Ce sont juste de mauvais souvenirs qui refont surface…
Sarah (curieuse et perspicace) : Ça a un rapport avec ma dernière question ?
Don (avec colère) : Sarah, ça suffit !
Stella (l’apaisant en lui posant une main douce sur le bras) : Ce n’est pas grave, Don.
Malgré les réticences de son petit ami, Stella finit par raconter toute leur histoire, laissant quelques larmes perler sur ses joues.
Sarah (désolée) : Excusez-moi, Stella. Je peux vraiment me montrer indélicate parfois…
Don (exaspéré) : Parfois ? Tout le temps, oui ! (retirant un mouchoir de sa poche et le tendant à Stella) Tiens, mon étoile. Cette histoire est loin, maintenant.
Sarah regarda son neveu, surprise. C’était la première fois qu’elle le voyait si attentif avec une de ses conquêtes…Il n’était pas très démonstratif et même avec un membre de sa famille ! Elle commença à mieux cerner leur relation…
Sarah : Ton étoile ? Je croyais que tu n’aimais pas les petits surnoms, Donnie…
Don (grommelant pour cacher son embarras) : En cinq ans, tout le monde change.
Sarah (avec un grand sourire joyeux) : Je vois ça. Tout cela m’a l’air bien sérieux…
Stella (s’étant reprise, avec humour) : J’espère bien ! Je ne compte pas déménager d’ici là.
Sarah (intriguée) : Déménager ? Donnie, à quel point c’est sérieux entre vous ?
Don (hésitant) : Heu…
Stella : Nous vivons ensemble depuis cinq mois maintenant.
Sarah (heureusement surprise) : Vraiment ? Félicitations !
La petite femme serra Stella et Don dans ses bras avec force, les congratulant avec effusion.
Sarah (avec humour et malice) : Vous avez réussi où beaucoup d’autres ont échoué. Bravo, Stella, vraiment !
Don (gêné, protestant) : Tante Sarah !
Mais c’est pas vrai, cette femme allait le rendre fou…et bourré. Il en était déjà à son cinquième verre…Il devrait calmer sa consommation avant que ses parents ne le trouvent…
Stella : Nous travaillons aussi souvent ensemble.
Sarah : Oui, je m’en doute. La criminelle et la scientifique ont souvent besoin l’une de l’autre. (montrant Don qui avait une nouvelle fois tourné le dos) Vous arrivez à le supporter ?
Stella : Oh oui ! On ne peut pas faire plus gentil.
Sarah (étonnée) : Tiens donc ? Voilà une facette qu’il me montre peu. Il était plus mignon quand il était petit.
« C’est ça, enfonce-moi. Fais comme si je n’étais pas là… » pensa Flack. Pourquoi sa tante le faisait réagir ainsi ? Il se comportait comme un gosse…Le comble pour un homme de 28 ans !
Stella (intéressée) : Vraiment ?
Sarah : Oui. Vous voulez voir des photos de son enfance ?
Don se tendit brusquement et se tourna vers les femmes, inquiet. Non, sa tante n’oserait pas…Et Stella ne…
Stella (ravie) : Bien sûr. Je n’en ai pas trouvé chez lui…Enfin chez nous…
Sarah (farfouillant dans son sac) : La plupart sont soit chez ses parents, soit chez moi ou chez son autre tante, Nicole.
Stella : Vous êtes une grande famille, on dirait.
Sarah (cherchant toujours) : En effet. Donnie a dix cousins, dont huit sont dans la police, et quatre cousines. (avec fierté) Mon dernier est à l’académie. Et je suis l’heureuse grand-mère de trois petits-enfants. Ma soeur aînée, Nicole, en a six et le frère de Donald Sr, Franck, en a quatre pour le moment. Un cinquième est en route…
Stella : Alors, vous êtes… (comptant mentalement) trente-trois ! Sans compter les époux…
Sarah : Mes deux fils aînés, les quatre enfants de Nicole et deux des fils et une des filles de Franck sont mariés.
Stella (impressionnée) : Vous êtes quarante-deux !
Sarah : Oui. (pestant contre le désordre régnant dans son sac) Mais où est-il passé ?! (reprenant le fil de la conversation) Et vous, Stella, votre famille ?
Stella (légèrement triste) : Je ne l’ai jamais connue…On m’a abandonnée quand j’étais très jeune. J’ai vécu dans un orphelinat…
Sarah (relevant la tête, visiblement désolée) : Je suis navrée, Stella. Je suis une véritable catastrophe, aujourd’hui !
Stella (souriant) : Vous ne pouviez pas sa…
Sarah (l’interrompant, brandissant un petit album photo de la taille d’un carnet) : Ça y est, je l’ai trouvé !
Don (finissant par se rapprocher légèrement des deux femmes, méfiant) : Tante Sarah, Stella…Est-ce vraiment utile ?
Stella (avec un grand sourire malicieux) : J’ai vraiment envie de voir comment tu étais petit.
Flack, vaincu, retourna à la contemplation de son verre. Il ne s’attendait vraiment pas à ce que Stella s’entende si bien avec cette pipelette de Sarah…Enfin, il était vrai que la bonne humeur de sa tante était plutôt contagieuse…Enfin, à ce point là…
Sarah feuilleta rapidement son petit album et sourit en trouvant enfin son bonheur.
Sarah : En voilà une ! Tenez…
Stella se pencha pour voir la photo et sourit, attendrie, devant le cliché : Don ne devait pas avoir plus de cinq ans sur cette photo et portait la casquette de policier de son oncle tout en tenant un pistolet à eau. Il avait les mêmes cheveux noirs et les mêmes yeux bleus qu’aujourd’hui et souriait joyeusement au photographe.
Stella (s’adressant aussi à Don) : Déjà policier dans l’âme…
Sarah : Tout à fait. Il est mignon, non ?
Stella (avec un sourire lumineux) : Oh, oui ! J’espère que mes enfants le seront autant.
Don suspendit son verre à mi-chemin de ses lèvres en entendant les dernières paroles de Stella. Il se tourna lentement vers les deux femmes, fixant la scientifique avec stupeur, et s’aperçut que sa tante était aussi surprise que lui. Mais elle était aussi ravie.
Don (balbutiant) : P…Pardon ? Qu’est-ce que tu as dit ?
Stella (étonnée) : Quoi ?
Et en plus, la scientifique n’avait pas l’air de s’être rendue compte de ce qu’elle venait de dire ! Elle venait de lâcher une bombe et n’avait pas fait attention ! Don ne savait plus trop quoi penser sur ce coup-là…
Stella grimaçait intérieurement : quelle gaffe ! Ce n’était vraiment pas la chose à dire…Sauf si on voulait faire fuir un homme. La scientifique ne savait pas trop comment interpréter l’expression surprise de Don…C’est pourquoi elle préféra noyer le poisson immédiatement, évitant une discussion embarrassante et délicate.
Stella (retournant à l’observation des photos) : Vous en avez d’autres ?
Sarah (reprenant le fil de ce qu’elle faisait) : Heu…Oui…Bien sûr.
Les deux femmes continuèrent à discuter un petit moment, Sarah racontant diverses anecdotes sur l’enfance de Don. Ce dernier, vraiment très embarrassé, aurait voulu se cacher dans un trou de souris. Mais chose parfaitement impossible à trouver dans un hôtel comme le Plaza. Il sentit pourtant la main de Stella chercher la sienne et, quand elle la trouva, elle la serra tendrement, se tournant vers lui en le regardant amoureusement.
*
Cette entrevue dura une trentaine de minutes et Flack s’était détendu peu à peu. Hélas, pas pour longtemps…Sarah interrompit l’ambiance joyeuse régnant entre eux en apercevant les parents de Don et vit que sa sœur, Helena Flack, ne semblait vraiment pas ravie.
Sarah (souriant innocemment) : Bon. Je vais vous laisser. J’ai été heureuse de vous rencontrer, Stella.
Stella : Moi aussi, Sarah.
Sarah (chuchotant à son oreille pour que Don ne l’entende pas) : Occupez-vous bien de Donnie. Et… (malicieusement) donnez-moi vite des petits neveux !
Stella rougit violemment et Sarah, satisfaite de la réaction de la jeune femme, partit sans demander son reste, craignant la colère de sa sœur. Flack observa Stella, toujours très rouge, inquiet.
Don (méfiant et fronçant les sourcils) : Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?
Stella (essayant de reprendre contenance) : Rien, rien.
Les parents de Don arrivèrent enfin à leur niveau et Helena se plaça devant son grand fils, les sourcils froncés, l’air contrarié.
Helena (avec une voix sévère) : Donald Flack Junior ! Où est passé ton smoking ?
Don (soupirant) : Il était trop petit, Maman.
Helena : Mais tu l’avais sur le dos quand nous sommes arrivés !
Don : En effet. Mais les coutures commençaient à lâcher au moindre mouvement brusque. Heureusement, Stella m’a apporté un…
Helena (intriguée) : Stella ? Qui est Stella ?
Don s’était mis devant la scientifique dans un réflexe protecteur. La jeune femme avait eu le temps de détailler les parents de son petit ami : Helena Flack était une femme petite, mince et gracieuse. Elle avait les mêmes yeux bleus que son fils et des cheveux auburn, tirant un peu vers le roux. De plus, il semblerait que Don ait hérité de la beauté de sa mère. Quant à Donald Flack Sr, il ressemblait peu à son fils, mis à part les cheveux noirs, grisonnant par endroit, et la grande taille. La ressemblance s’arrêtait là. Le père de Don avait un visage dur et sévère et il émanait de lui une certaine austérité, une certaine rigueur. Très loin de la décontraction de son fils…
Stella finit par se placer devant le jeune détective et fit face à Helena Flack.
Stella : Je suis Stella. Stella Bonasera.
Donald Flack Sr (surpris) : De la scientifique ? La coéquipière de Mac Taylor ?
Stella : Oui, monsieur. Enchantée de vous rencontrer tous les deux.
Ils se saluèrent poliment et Stella sentit le regard inquisiteur du capitaine Flack posé sur elle. Un regard qui la mit extrêmement mal à l’aise.
Donald Flack Sr : Pourquoi est-elle ici ?
Don (défiant) : Je l’ai invitée pour vous la présenter.
Helena (surprise) : Nous la présenter ? Tu veux dire que…
Don (toujours avec défi) : Oui. C’est ma petite amie depuis huit mois. (anticipant la question de sa mère) Et oui, c’est du sérieux. Nous nous sommes installés ensemble depuis quelques mois.
Helena (semblant embêtée) : Ha…
Donald Flack Sr (neutre) : Quel est votre âge, lieutenant Bonasera ?
Don regarda son père, outré : à quoi jouait-il ? Pourquoi instaurait-il une telle distance ? Le jeune homme se doutait bien qu’il y aurait des réticences du côté de son père mais pas au point qu’il en soit aussi impoli !
Don (protestant) : Papa !
Donald Flack Sr (avec sévérité) : La ferme, Junior ! (à Stella) Alors ?
Stella (sans hésitation) : 38 ans.
Donald Flack Sr (énigmatique) : Bien…
Stella sentit un malaise l’envahir. Elle n’aimait pas la façon dont la regardait le père de Don. On aurait dit qu’elle n’était pas plus qu’in insecte, un obstacle à éliminer…
Donald Flack Sr : Junior. Pars avec ta mère. Elle doit te présenter quelqu’un.
Don (sérieux) : Non.
Donald Flack Sr (avec un regard noir) : Obéis pour une fois ! Je veux juste m’entretenir avec ton… (hésitant) amie.
Stella (serrant la main de Don avec réconfort) : Ça va aller…
Don finit par suivre sa mère, gardant tout de même un œil sur Stella et son père. Il avait peur de ce que son paternel allait faire.
Helena (ne semblant pas se rendre compte de l’inattention de son fils) : Don, je te présente Rebecca Wilkins. Elle est procureur à Brooklyn. Rebecca, voici mon fils…
Don n’écoutait plus sa mère depuis un moment, trop préoccupé par ce qui pourrait se passer entre Stella et son père. Que voulait-il lui dire ?
La scientifique regardait calmement le grand homme qui la dévisageait et c’était une sensation désagréable. Le policier prit un verre de scotch et lui en proposa un qu’elle refusa poliment. Le capitaine Flack finit par reprendre la parole, d’un ton neutre et froid.
Donald Flack Sr : J’ai cru comprendre que vous viviez une relation sérieuse avec mon fils.
Stella : Oui, en effet.
Donald Flack Sr : Ne le prenez pas mal mais croyez-vous que cela va vraiment durer ?
Stella (méfiante) : Oui. Vous n’avez pas idée de tout ce que nous avons traversé.
Donald Flack Sr : Peut-être. Mais je vais vous demander une chose, lieutenant Bonasera. Pour votre bien et celui de mon fils, quittez-le.
Stella (stupéfaite) : Pardon ?
Donald Flack Sr : Je vous demande de le quitter.
Stella (furieuse) : Je peux savoir pourquoi ?
Donald Flack Sr : Vous êtes trop âgée pour lui. Vous ne pourrez pas lui donner un enfant.
Stella (avec calme, contenant sa colère) : Déjà un, en quoi cela vous concerne-t’il ? Et deux, je suis toujours en âge d’avoir des enfants !
Donald Flack Sr : C’est mon fils ! Et à votre âge, les grossesses sont beaucoup trop risquées !
Stella (sarcastique) : La médecine a fait des progrès, vous savez.
Donald Flack Sr (avec colère) : Sans doute ! Mais vous êtes trop vieille ! Mon fils a toute sa vie devant lui et vous non ! (avec un ton méprisant) Et en plus, vous êtes une de ces sales planquées ! Je ne veux pas de ça pour mon fils ! Prenez quelqu’un de votre âge ! Vous n’avez rien à faire avec Don !
Stella sentit les larmes lui monter aux yeux et sa gorge se nouer. Pourquoi ? Pourquoi ne l’acceptait-il pas ? Pourquoi autant de préjugés ?
La scientifique vit soudain un poing s’abattre sur le visage du capitaine Flack, qui tituba et se retint à la table du buffet pour ne pas tomber. L’homme regarda avec fureur son agresseur et ouvrit grand les yeux de stupéfaction.
Donald Flack Sr (sous le choc) : Junior ! Mais…
Don (furieux, les poings serrés) : Je ne te permets pas de l’insulter, Papa ! C’est ma vie ! C’est ma décision ! Tu n’as rien à dire, ni Maman non plus, d’ailleurs ! J’aime Stella ! Mais si vous n’arrivez pas à l’accepter, j’en ai rien à foutre !
Helena (qui avait couru après son fils, essayant de le retenir) : Don ! Ne parle pas à ton père ainsi !
Don (retirant brusquement son bras de l’étreinte de sa mère) : Je ne suis plus un gamin ! Et je lui parle comme je l’entends ! Il a été insultant envers moi et Stella !
Helena recula devant la colère de son fils. Elle avait l’impression que Don avait soudain grandi sous ses yeux. Elle ne voyait plus son petit garçon mais un homme, mature et indépendant. Ses yeux bleus jetaient des éclairs et son visage exprimait parfaitement sa colère et sa détermination. Helena n’avait jamais vu son fils ainsi.
Don prit la main de Stella et quitta la réception en lançant à ses parents :
Don : On s’en va ! Nous ne sommes pas indispensables ici !
Et le couple s’éloigna, sortant enfin de l’hôtel.
Sarah s’approcha de sa sœur et chuchota discrètement à son oreille, évitant le regard colérique de son beau-frère.
Sarah : Donnie est devenu un homme depuis longtemps, Helena. Dommage que tu ne t’en rendes compte que maintenant. (avant de s’éloigner) Ho, et aussi, tu devrais parler avec Stella. C’est vraiment une gentille jeune femme…
Helena soupira tristement et finit par s’occuper de ses invités, faisant ainsi reprendre le cours normal de la réception.
*
Mars 2006. Parking du Plaza Hotel.Flack et Stella s’installèrent dans la voiture du détective et la scientifique observa le jeune homme toujours furieux, navrée. Elle se sentait coupable de ce fiasco.
Stella (d’une petite voix triste) : Don, je suis dé…
La jeune femme fut interrompue par les lèvres de Don sur les siennes et les bras du détective la serrèrent contre lui avec force. Il l’embrassait sauvagement, passionnément, gémissant contre ses lèvres, et caressait fiévreusement le corps de la jeune femme. Stella, remise de sa surprise, noua ses bras autour de son cou et répondit à chaque baiser, à chaque caresse avec fièvre et amour. Puis ils finirent par s’écarter l’un de l’autre, haletants. Flack posa son front sur celui de Stella et la regarda droit dans les yeux.
Don : Ne sois pas désolée, Stella. Ce n’est pas de ta faute. Tout ce qui compte, c’est nous, pas eux. Je t’aime et ce ne sont pas eux qui me feront changer d’avis.
Stella (émue et l’étreignant avec douceur, posant sa tête au creux de son épaule) : Don…
Don (caressant tendrement ses cheveux, malicieux) : Et puis, on a déjà Sarah dans notre poche.
Stella se mit à rire. Mais Don avait raison : Sarah serait certainement leur plus fervent défenseur et alliée.
Don (relâchant doucement Stella et se mettant au volant) : Bon. Et maintenant, rentrons. Ces baisers m’ont légèrement…heu… (rougissant)
Stella (amusée et taquine) : Emoustillé ?
Don (rougissant et souriant, un peu embarrassé) : Heu, oui…Et je n’ai pas vraiment envie de me faire arrêter par un collègue.
Tous deux se mirent à rire et finirent par quitter le parking de l’hôtel, se dirigeant vers leur appartement.
Stella continua à regarder la voiture s’éloigner. Il était vrai que la première rencontre avec les Flack ne s’était pas vraiment passée comme elle l’aurait voulu…Mais les choses s’étaient arrangées, au moins avec madame Flack.
Un nouveau vortex s’ouvrit et Stella y entra. Quand donc ce petit voyage s’arrêtera-t’il ?