Parce que je l'aime [OS/Ten/Martha]

Un an. Cela faisait un an que mes aventures avec le Docteur s'étaient terminées.

Au départ, les journées m'avaient paru longues, vides. Plus de voyages sur de magnifiques paysages extraterrestres, plus de retour dans l'Histoire, plus de plans improvisés à la dernière minute pour échapper à toutes sortes de créatures. La vie semblait si calme, si triste, si terne à côté des merveilles que j'avais vues et des moments que j'avais vécus. Mais j'avais essayé d'oublier en m'occupant au maximum de ma famille, qui était encore secouée par ce qui était arrivé. Mes études aussi me prenaient beaucoup de temps et de ce fait, les semaines étaient passées plus rapidement que je ne l'avais imaginé et je me suis retrouvée médecin alors qu'il me semblait que le Tardis venait de s'en aller. Ce titre de Docteur Jones m'a toujours mise mal à l'aise. Chaque fois que je l'entends, il s'écoule toujours quelques secondes avant que je ne réalise que le Docteur que l'on appelle, c'est moi. Pas lui.

Une fois, il m'est arrivé de courir hors de l'hôpital car il me semblait avoir entendu le son du Tardis. Mais ce n'était que le souffle du vent d'hiver. J'étais restée un moment sur le trottoir, persuadée que j'allais voir tôt ou tard apparaître le Docteur mais il n'y eut pas la moindre trace de cabine de police bleue, et encore moins de lui. Ce n'était juste que mon imagination. Ou plutôt, un effet de mon envie féroce de le revoir. Il me manquait et cela m'arrivait encore de me dire que j'aurais peut-être dû repartir avec lui.

Après cela, je me suis demandée où il pouvait bien être. S'il était en train de sauver une planète ou tout simplement en train de visiter les différentes époques de la Terre. S'il était avec quelqu'un d'autre. S'il pensait à moi. Ce jour-là, je me suis assise sur un banc, et j'ai réalisé que s'il était aussi distant avec moi, c'était parce que j'étais arrivée dans sa vie juste après Rose. Sa Rose. Je ne la connaissais pas, mais elle semblait être quelqu'un d'extraordinaire. J'ai voyagé à travers l'espace et le temps et partout où j'allais, il y avait au moins quelqu'un qui la connaissait. Quand le Docteur parlait d'elle, il paraissait plus heureux que jamais. Sauf qu'elle lui manquait, terriblement. Cela agissait sur lui comme un voile devant ses yeux. Il ne voyait plus personne. Ma relation avec le Docteur m'apparaît parfois comme un entretien d'embauche. Passer après la personne qui avait absolument toutes les qualités rêvées et qui est partie. Toute la bonne volonté du monde ne changera pas le fait qu'on n'est pas cette personne. Elle était Rose, la personne qu'il aimait et qui était parfaite. Et moi j'étais Martha. Et cela suffisait. Elle avait gagné sa place dans le coeur du Docteur à jamais, et personne ne pourrait la remplacer.

Je ne sais pas pourquoi ce fut cet après-midi-là que cette vérité se montra à moi mais j'en ai compris une chose : Je n'arrêterai jamais de le voir partout où je vais et jusqu'à dans mes rêves, d'entendre sa voix crier mon nom, de frissonner chaque fois que j'entends le mot "docteur", de m'imaginer qu'il va revenir me voir. Je penserai toujours à ce qui aurait pu se passer si j'étais restée.

Je n'oublierai jamais le Docteur. Parce que je l'aime.