La douleur, les regrets... [OS/Ship/Drama]

Quatre mots sur un piano, ceux qu'elle a laissés
Quatre c'est autant de trop, je sais compter
Quatre vents sur un passé, mes rêves envolés
Mais qu'aurait donc cet autre que je n'ai ?
Ne le saurai-je jamais ?

Ce matin, je me suis levé. Elle n'était plus là. Ma première réaction a été de penser qu'elle était partie travailler. Mais au fond de moi, je savais que non. Elle ne s'en allait jamais sans moi, ou sans s'être assurée de m'avoir réveillé, son doux parfum chatouillant mes narines et me poussant à me lever pour aller la rejoindre. Mais ce matin, aucune odeur, aucun contact de sa peau sur la mienne ne m'a tiré de mon sommeil. Sa place dans le lit était froide, tout comme l'ambiance régnant dans la pièce. Tout comme mon coeur. Lorsque je suis entré dans le salon, je l'ai aperçue. Petite feuille de papier pliée sur le piano. Je me suis approché, mon coeur battant tout autant que lorsqu'elle m'avait embrassé pour la première fois, mais pour des raisons différentes. Je la dépliai avec précaution. Ses mots me glacèrent le sang. Juste 4 mots, qui me brisaient le coeur. Je me suis assis sur le fauteuil, essayant d'assimiler la nouvelle. Elle était partie et tout était en train de s'effondrer. Elle était partie avec lui, sans doute. Pourquoi ? Je ne le saurais sûrement jamais. Mais j'ai du échouer quelque part.

Cas très banal, cliché, dénouement funeste
Trois moins deux qui s'en vont, ça fait moi qui reste
Caresses, égards et baisers, je n'ai pas su faire
La partager me soufflait Lucifer
Depuis je rêve d'enfer

Ce n'est qu'un cas de souffrance amoureuse comme tant d'autres. Sauf que cette fois, cela me touche moi. Pour elle. Et tout est différent. Ils sont partis les deux, je reste seul. Loi mathématique, loi malheureuse. Ma souffrance, dommage collatéral de leur amour. J'aurais du m'en douter. Il savait être présent là où je ne l'étais pas. Ces derniers jours, elle était mieux dans ses bras que dans les miens, cela se lisait sur son visage. Mais je ne voulais pas croire qu'elle soit mieux avec un autre que moi. Alors j'ai laissé passer, tout en continuant de cultiver ma haine envers celui qui était devenu mon rival. Aurai-je pu éviter de la perdre ? Je ne le saurais sûrement jamais.

Moi j'aurais tout fait pour elle, pour un simple mot
Que lui donne l'autre que je n'offrirais ?
Elle était mon vent mes ailes, ma vie en plus beau
Etait-elle trop belle ou suis-je trop sot ?
N'aime-t-on jamais assez ?
Quatre années belles à pleurer, maigre résumé
Cartes jouées mais la reine s'est cachée
Quatre millions de silences, de regrets qui dansent
Les questions, les soupirs et les sentences
Je préférais ses absences

Dans mon coeur encore saignant de ces blessures, dans mon esprit torturé, de nombreuses questions se formaient. La plupart resterait sans réponse car c'est elle qui en détenait la clé et je ne la reverrai sans doute jamais. Son choix m'obnubilait. Pourquoi lui, pourquoi pas moi ? Qu'avais-je de différent ? Pourquoi est-ce que je ne la satisfais plus désormais ? Est-ce à cause de ma haine ou me surpasse-t-il ? Après mûre réflexion, ai-je envie d'avoir des réponses à ces questions ? Oui et non. Ce dont j'ai envie, c'est de la revoir. Une fois, une fraction de seconde suffirait. Pour lui faire ressentir tout l'amour que j'éprouve pour elle. Je ne saurais vivre sans elle, sans la flamme qui réchauffait mon être à chaque instant, présence divine et indispensable dans mon monde. Mais ce monde désormais est réduit à néant. Il est fissuré, brisé. Il saigne. À chaque pas je me heurte à des souvenirs autrefois si agréables et qui aujourd'hui me déchirent. À chaque pas, j'entends sa voix douce prononcer mon nom et la mienne hurler le sien, résonnant dans le vide pour la faire revenir. J'aurais préféré qu'elle s'en aille seule à des milliers de kilomètres plutôt que tout près avec lui.

Moi j'aurais tant fait pour elle, pour boire à son eau
Que lui donne l'autre que je n'offrirais ?
Elle était mon vent mes ailes, ma vie en plus beau
Mais était-elle trop belle, ou bien nous trop sots ?
N'aime-t-on jamais assez ?

Donnerait-il sa vie pour elle s'il le fallait ?Je ne le crois pas.
Je l'aurais fait, au prétexte qu'une vie sans elle ne vaut rien. Et je le ferai encore, sachant désormais que c'est la vérité.
Soudain, alors que mes pensées sont encore tournées vers elle, je le vois à lui, dans la rue en face. Je n'ai qu'une envie, car ma haine reprend le dessus : le faire souffrir autant qu'il me fait souffrir. Voire le tuer. Mais je remarque qu'il est seul. Et que son visage est strié de larmes. Il a surtout un papier à la main. Je comprends. Aurait-il fait la même erreur que moi ? Sans doute. Nous avons voulu la même femme, le résultat est que nous sommes plus seuls que jamais. En sentant la compassion envahir mon coeur, c'est une haine à mon égard cette fois-ci qui s'empare de moi. L'amour ne rend pas aveugle, mais idiot. Si nous avions été moins arrogants, elle serait encore là, illuminant notre vie et nous faisant irradier de joie et de bonheur, soleil de notre coeur. Maintenant, nous devons vivre dans la nuit sombre, sous le poids de nos erreurs. Apprendre à vivre avec le mot regret gravé en nous.

(POV Stella) Vous étiez ma vie comme la nuit et le jour
Vous deux, nouez, filiez mon parfait amour
Un matin vous m'avez condamnée à choisir
Je ne vous aimais qu'à deux
Je vous laisse, adieu
Choisir serait nous trahir

Je les aime autant que je les haïs. Ma vie n'est rien sans l'un ou sans l'autre. Je pensais arriver à faire cohabiter amour et amitié. Ai-je laissé croire à l'un ou à l'autre que j'en aimais un plus ? C'est possible, même si ce n'est pas le cas. Je sais pourquoi je les aimais autant : ils se ressemblent. Et ils ont eu la même réaction. Haïr l'autre pour m'aimer plus. Mais c'était une erreur. Je ne pouvais vivre qu'avec eux deux. Sans l'un, l'équation est déséquilibrée, les coeurs s'effondrent. Je sais que je vais les faire souffrir. Je sais qu'ils attendront des réponses. La seule que je leur donnerai sera mon silence, réponse à la douleur qu'ils ont engendré en moi. Maintenant je dois réapprendre à vivre. Sans eux.

Mais qu'aurait donc cet autre que je n'ai ?
Ne le saurai-je jamais ?
La partager me soufflait Lucifer
Depuis je rêve d'enfer

Quelle est la réelle raison de son départ ?
Lui ? Moi ? Nous ?
Questions à jamais sans réponse. Nous les enterrerons au fond de notre coeur sans jamais les oublier, chaque moment de notre vie prompt à raviver des souvenirs douloureux. Nous essayerons de vivre sans une partie de notre âme. Et chaque moment perdu nous ramènera à ce que nous avons perdu, de part notre sottise. Nous serons à jamais noyés de regrets. La douleur, les regrets, à jamais...