Juste un geste entre nous... (Smac)

"Juste un geste de vous et je suivrais le message
Un regard qu'on déjoue et je tournerai la page
Sans rien dire d'un sourire
Faire semblant de ne rien voir
Juste un geste entre nous
C'est ce qu'il me faut pour savoir
Pour m'avoir"

Elle marchait... depuis des heures, elle marchait. Et depuis des heures, il la suivait.
Elle savait. Elle savait qu'il était là, toujours, quand il s'approchait d'un peu trop près. Dès qu'il avait la mauvaise idée de glisser ses pas dans les siens, sans jamais en perdre les traces.
Et il savait qu'elle savait. Toujours. Dès qu'il voyait les épaules carrées de la jeune femme se relever, il comprenait. Il était repéré bien avant même d'être arrivé.
Mais, tous deux, faisaient comme si. Comme s'il n'y avait rien, comme si l'autre n'était personne. Comme tous les jours, quand ils se croisaient, se parlaient, se touchaient, ils essayaient d'oublier. Ils essayaient de rester impassible devant la tentation. Ils tentaient d'apaiser leur cœur qui battait un peu trop vite, de cacher leurs mains tremblantes et de faire taire leur respiration saccadée et bruyante. Et ils y arrivaient. Juste assez pour se persuader que cela ne se voyait pas.
Mais personne, mise à part eux, n'était dupe. Pas même les rares passants qui osaient s'approcher de cette ronde infernale. Mais, n'ayant d'autre chemin à prendre, ils se contentaient d'essayer de ne pas couper le lien invisible qui unissait les deux âmes. Ils essayaient de ne pas interrompre cette tension sexuelle qui les enchainaient l'un à l'autre, plus ou moins discrètement. Les passants s'écartaient, tentant de se désintéresser de cette frénésie aussi forte que troublante... sans jamais arriver à en décoller les yeux.

Stella s'arrêta enfin devant l'océan, ne pouvant aller plus loin. Elle s'assit sur un rocher et ramena ses genoux contre sa poitrine, comme pour protéger son cœur. Il avait peur, c'était certain, sinon, pourquoi battrait-il si fort ?
Mac la suivit et opta pour le même rocher. Il se glissa à ses côté et fixa la mer, puisque c'était ce qu'elle regardait.
Après un silence pesant mais nécessaire, elle posa son regard émeraude dans le sien.
_ Pourquoi m'avez-vous suivi ?
Il haussa discrètement les épaules et lui répondit d'une voix douce :
_ Pourquoi êtes-vous partie ?
Et ce fut à son tour d'hausser les épaules, elle recopiait le geste de Mac, sans même s'en apercevoir.
_ Ce n'est rien. Juste un besoin de prendre l'air.
_ Stella..., dit-il d'une voix lasse, vous osez encore me mentir ?, continua-t-il en arquant un sourcil.
Elle sourit devant cette expression qui lui était si singulière, puis détourna les yeux.
_ Je ne vous oblige en rien, mais ne me mentez pas.
_ L'enquête me rappelle beaucoup trop de souvenirs douloureux... murmura-t-elle en tournant un peu plus la tête.
_ Je l'ai remarqué Stella, peut-être même avant vous. Je peux vous mettre sur une autre affaire ?
_ Non. Merci.
Il sourit et elle se demandait pourquoi. Qu'avait-il de drôle dans ses abominables souvenirs ?
_ Je vous connais Stella, répondit-il avant même qu'elle n'ai posé sa question. Vous êtes la femme la plus forte que je connaisse, je n'attendais pas d'autre réponse venant de vous.
Elle esquissa un sourire à son tour. Elle aurait dû s'en douter. Il savait tout.
_ Cependant, je vois aussi très bien que vous ne vous êtes pas enfuie de mon bureau, d'un pas tremblant, sans une meilleure raison que celle que vous venez de me donnez.
_ Mac... je..
_ Je vous répète, vous ne me devez rien. Mais je sais, je vois. Alors si je peux faire quelque chose pour apaiser votre malaise et votre rage, dîtes-moi. Je le ferais.
Les yeux de la jeune femme s'emplirent de tristesse et il fronça les sourcils. Quand elle posa son front contre ses genoux afin de cacher ses larmes et sa faiblesse, il ne put s'empêcher de passer son bras sur ses épaules pour la ramener contre lui.
Ce contact les électrisèrent mais ils firent comme si... Comme s'il n'y avait rien, comme si l'autre n'était personne.
Mac embrassa la chevelure dorée de son amie et déposa, d'un geste doux mais maladroit, le visage de celle-ci contre son torse. Elle se laissa faire, et doucement, elle se laissait aller dans ses bras. Il la réconfortait autant qu'il le pouvait, fou de rage à l'idée que quelqu'un soit la cause de ses pleurs, et remplit d'amour pour la femme qu'il tenait contre et dans son cœur.

Plus tard, ils étaient couchés sur le rocher, Stella s'était calmée et Mac apaisé. La nuit tombait doucement et il était près à sombrer dans la somnolence, n'attendant plus rien et croyant qu'elle s'était endormie, mais la voix de Stella le remit d'aplomb.
_ Je suis désolée.
_ Ce n'est rien... dit-il en ouvrant les yeux.
Il caressa ses cheveux dorés en priant qu'elle ne se relève pas pour qu'il puisse continuer.
Mais c'était Stella, il l'avait presque oublier un instant. Elle se redressa, et il essaya de cacher la petite grimace qui lui démangeait les lèvres. Maintenant qu'elle s'appuyait sur sa main, la sienne ne pouvait plus la toucher sans que cela ne prenne un certain sens.
_ Mac ?!
Il crut, pendant une courte seconde, que cette grimace avait finie par lui échapper, mais il fit comme si.
_ Oui, Stel...
C'est quand il prononça son nom qu'elle lâcha la pression et se laissa presque tombée à ses côtés. Elle s'arrêta là, juste à temps, à l'endroit même où elle voulait être : à quelques centimètres du visage de son supérieur.
Son coeur manqua un battement lorsque que le regard brillant de son amie s'ancra dans le sien, et il en manqua deux quand le souffle de Stella commençait à glisser sur ses lèvres. Il pouvait sentir le parfum de la jeune femme, et il essayait, en vain, de ne pas s'en enivrer.
_ … la, essaya-t-il tout de même de finir.
Mais il n'en pouvait plus de faire comme si... Comme s'il n'y avait jamais rien eu entre eux, comme si l'autre n'était personne.
Il bouillait intérieurement, brûlait sous les flammes du désir mais il ne pouvait rien dire. Rien faire. La déesse qui se trouvait en face de lui l'en empêchait, seule l'admiration avait sa place. Il ne pouvait que la vénérer, silencieusement.
En y réfléchissant, ça avait toujours été le cas. Combien de fois avait-il dû s'y résoudre ? Ils n'avanceraient pas. Il n'était pas capable de faire le premier pas, et elle était une femme.
Cette fois, c'était différent. Il avait décidé que ce serait différent.
Il parcourut le peu de distance qui les séparaient encore et posait enfin ses lèvres contre celles de Stella, comme une délivrance. À son plus grand bonheur, elle y répondit avec ferveur. La passion les emportaient tous les deux, et peu à peu, entre les deux cœurs affolés, le lien qui les unissaient se renforcait.
Il ne put s'empêcher de glisser ses doigts entre les mèches de sa partenaire, il en rêvait jour et nuit, depuis des siècles. Elle entourait son cou de ses mains et ils s'arrêtèrent un instant. Juste le temps que le cœur de Mac reprenne son souffle, et que celui de la jeune femme fasse de même. Ce fut bref. Ils avaient assez attendu.
Doucement, les mains féminines glissèrent sur la chemise de Mac, dessinant ses muscles avec justesse et envie, puis elles défirent le premier bouton d'un geste sec. Elle sépara leur lèvres un instant, le temps d'échanger le regard qu'il fallait, puis ils reprirent. Ils s'aimaient et c'était tout. Ça suffisait.
La chemise de Mac glissa jusqu'au sable, comme si elle désirait les laisser tranquille en ce moment si espéré.
Il frissonnait tout entier quand sa partenaire commença à l'embrasser dans le cou. Puis sur l'épaule, le cœur... Impuissant, il se contentait de savourer. Elle descendait petit à petit, ventre, nombril …


« Mac. Mac ! »
Il sursauta démesurément et agrippa instinctivement le canapé; pris en faute. Il rougit avant même d'ouvrir les yeux. Il avait reconnu cette voix, la voix... même si c'était le seul instant de sa vie où il aurait préféré que ce ne soit pas elle.
_ Mac, ça va ?, demanda-t-elle en posant sa main sur la sienne.
Difficilement, il ouvrit les yeux, et après avoir ressentit le regret de ne pas l'avoir fait plus tôt, il sentit la honte rougire ses joues. Il s'assit dans le canapé, séparant difficilement leurs mains, et essaya de se conforter en se disant qu'au moins, elle ne savait rien de son rêve.
_ Merci, Stella. Tout va bien.
Il eut juste le temps de remarquer, à la lueur des yeux émeraudes, qu'elle ne le croyait pas un seul instant; mais ils esquivait avec justesse toutes futures questions.
_ Que me vaut votre visite ?
Et il eut l'impression qu'il venait d'inverser les rôles. Il attrapa la tasse de café qu'elle lui avait apporté et trempa ses lèvres dans le breuvage brûlant. Ça le rassura un instant, au moins quelque chose qui avait une température intérieure plus haute que la sienne. Il fronça les sourcils devant l'expression qu'adoptait Stella.
_ Stella ?
_ Oui... Je me demandais si... enfin si vous accepteriez de venir avec moi ce soir. Je vais à la fête de la musique.
_ Bien sur, dit-il. A quelle heure ?
Le visage de Stella s'illumina d'un magnifique sourire et il ne put s'empêcher de rougir. Il ramena la tasse brûlante près de son visage afin de dissimuler sa réaction.
_ A 20h. En bord de plage.
Mac soupira de surprise, et il se remercia d'avoir garder la tasse au bord de ses lèvres, cela rendait le geste anodin. Il la posa cependant sur son bureau et planta son regard dans le vert brillant des siens, d'une manière bien singulière.
_ Vous allez me rendre fou, Stella.