Miami style vs New York style (ship/action)

Jalousies

Mardi

L’homme vérifia encore que tout était prêt.
Il avait repéré la femme dès l’aéroport. C’était son parfum qui l’avait conduit à elle. Il haïssait ce parfum, le même que celui de sa mère, le même que les trois autres avant. Il l’avait suivi toute la journée sans qu’elle s’en rende compte. Il avait jubilé quand il a vu qu’elle prenait une chambre d’hôtel : il aimait les hôtels on pouvait s’y fondre facilement. Celui qu'elle avait chois était plus chic que ceux où ses proies précédentes étaient descendues. Peut être s’était-il trompé ? Elle n'était peut être pas condamnable.
Il devait encore l’observer et attendre. Attendre d’être sûr d’avoir envie de la briser.

***

Pour leur première soirée à New York, l’équipe au grand complet avait décidé d’amener leurs collègues au pub. Natalia avait confié à Lindsay n’avoir jamais mis les pieds dans ce type de bar. Elle paraissait enchantée de l’ambiance.
Ryan quant à lui buvait une stout au bar où il parlait avec Adam d’un obscur logiciel de programmation informatique que seuls les deux jeunes hommes paraissaient connaître.
L’ambiance était détendue et chaleureuse, bien loin des rapports strictement professionnels qui étaient en vigueur à Miami.
Seule Stella paraissait morose. Elle n’écoutait que d’une oreille la énième anecdote de Sid sur les différentes manières de brasser la bière et son expérience en la matière, acquise chez un lointain oncle maternel. Cela l’énervait de voir Mac assis à côté de Natalia. Cette dernière était fascinée par la verve d’Hammerback et ne semblait pas faire grand cas de Taylor au soulagement de Bonasera.
« Ma pauvre fille, se dit Stella, tu te comportes comme une adolescente ». Elle avait compris depuis quelques temps que ses sentiments envers son supérieur avaient changé mais elle ne s’était pas encore habituée à cette idée. En attendant elle ruminait sa frustration.

Danny et Sheldon avaient rejoint Adam et Ryan au bar. Ces derniers délaissèrent l'informatique et la conversation glissa inévitablement vers le sport. Pour clore une pluie de sarcasmes sur les derniers résultats de l’équipe de foot de Miami, Wolfe s’absenta aux toilettes. Son portable, resté sur le zinc, se mit à vibrer. Machinalement Sheldon y jeta un coup d’œil. C.R calling. Il eut l’impression que son cœur manqua un battement, puis il se raisonna : plein de gens devaient porter ces initiales.
Ryan revint au bar et nota l’appel en absence. Il sourit à la vue du nom, se mit un peu à l’écart et rappela le numéro. De ce que Hawkes avait pu entendre, il avait réservé son mercredi soir.

Mercredi

Deuxième jour de chasse. La femme ne se doutait toujours de rien. Il avait eu tout le loisir de l’observer. De s’énerver des ses manières sans grâce de paysanne. Ses habits bons marché, son pas lourd et ce parfum ignoble. Le standing de l’hôtel avait failli le tromper mais son instinct était sans faille. Il était maintenant décidé, il ne pouvait pas la laisser continuer à polluer son monde.

***

Sheldon arpenta pour la 8ème fois le trottoir en face de l’immeuble qui abritait le studio photo de Cécile. Ce dernier, situé au 1er étage, était plongé dans l’obscurité.
« Heureusement qu’elle m’a dit qu’elle travaillait tard ! » fulmina t’il
Il avait appelé la jeune femme plus tôt dans la journée, lui proposant de passer la voir le soir. Elle avait décliné son offre prétextant un travail urgent à terminer pour le lendemain. Quand il avait insisté elle l’avait gentiment mais fermement éconduit. Ce n’était pas la première fois qu’elle annulait un rendez-vous à cause du boulot, mais là, une jalousie naissante l’avait fait douter.

Il allait s’en aller quand un taxi s’arrêta devant le bâtiment. Wolfe en descendit et aida galamment Cécile à sortir de la voiture. Ils se dirigèrent vers la porte.
Hawkes, paralysé de l’autre côté de la rue, les vit entrer. Quelques secondes plus tard la lumière s’allumât dans le studio et il aperçut les deux jeunes gens se mouvoir en ombres chinoises derrière les rideaux.
Il espérait encore que son amie ne proposait qu’un simple « tour du propriétaire » quand il vit Wolfe ôter sa veste et défaire sa cravate. Par la fenêtre la silhouette de Cécile lui fit signe de la rejoindre et les ombres disparurent au fond du loft.
Sheldon hésita à monter pour avoir une explication. Il mourrait d’envie d’aller casser la gueule au minet de Miami mais il se retint. Déjà ce n’était pas dans son tempérament. Et puis il préférait avoir une discussion seul à seul avec chacun de ces deux-là au lieu de faire un scandale.
Dégoûté il descendit dans la bouche de métro la plus proche et rentra chez lui.


Jeudi

Wolfe étant à la conférence, Hawkes rongea son frein toute la journée, ignorant les appels de Cécile. Si elle croyait qu’il avait envie de lui parler après ce qu’il avait vu hier soir … Il était trop furieux pour avoir une conversation posée. Il n’avait même pas écouté le message qu’elle avait laissé sur son répondeur.
Il se replongea avec Stella dans le dossier du tueur des hôtels. Sa collègue paraissait d’humeur aussi massacrante que lui. Ils formaient vraiment un sacré duo ce jour-là.
Ils travaillèrent en silence, s’échangeant des infos par monosyllabes. Danny qui s’était fait rabroué le matin les évita tout le reste de la journée. Quant à Mac il restait philosophe en se disant que même les plus calmes de ses employés avaient le droit d’avoir leurs humeurs.

Attendre. L’homme avait attendu le début de la soirée pour passer à l’action.
Arrivé devant sa porte, il toqua et attendit. Encore. Quand elle ouvrit une bouffée de ce parfum ignoble lui sauta au nez. Il sentit ses mains trembler et dû se maîtriser pour ne pas l’abattre tout de suite. Il lui servit le baratin habituel et la femme s’effaça pour le laisser entrer.
Il entendit soudain l’ascenseur et une vague d’adrénaline monta en lui. Il vit un homme en sortir et se diriger d’un pas rapide vers le bout d’un couloir. Il détourna le regard et referma doucement la porte derrière lui.

Ryan sortit de la douche et s’habilla d’une manière plus détendue. Il passa sa montre et vérifia l’heure. Il lui restait du temps avant qu’il aille chercher Natalia pour dîner.
La fin de la conférence avait été assez lourde et ils avaient besoin tous les deux de se détendre.
Il entendit frapper. Il regarda de nouveau sa montre. Ce serait bien la première fois que Boa Vista serait à l’heure voire en avance.
Il enfila une veste et alla ouvrir. Il fut surpris de trouver Sheldon Hawkes sur le palier.
« Hawkes ? Que faites-vous là ?
- J’ai besoin de vous parler.
- Ca ne peut pas attendre demain ? Il est déjà tard et j’attends de la visite.
- Justement, c’est de cela dont je voulais vous parler. »
Wolfe fronça les sourcils mais s’effaça pour laisser entrer son collègue newyorkais. Il referma la porte, resta debout et croisa les bras.
Hawkes lui faisait face, les poings enfoncés dans son manteau. Il était étonné de voir combien quelques vêtements changeaient l’apparence d’une personne. Wolfe paraissait plus jeune et surtout beaucoup plus sympathique en jeans, t-shirt et cheveux en bataille.
« Bon, en quoi mes fréquentations vous intéressent-elles ?
- Je crois que vous n’êtes pas au courant des relations qu’il existe entre moi et votre rencard.
- Natalia ??!! Ryan tombant des nues
- Quoi Natalia ? » Sheldon ne comprenait plus rien.
Ils n’eurent pas le temps de s’expliquer qu’un coup de feu retentit dans le couloir.
Les deux hommes réagirent instantanément. Wolfe récupéra son arme dans ses bagages et sortit chercher l’origine de la détonation pendant que Hawkes appelait les secours.
Il rejoignit ensuite Ryan qui s’apprêtait à entrer dans une des chambres. Des gémissements se faisaient entendre à l’intérieur.
En quelques gestes les CSI se mirent d’accord et Wolfe ouvrit doucement la porte. Pendant qu’il sécurisait la chambre Hawkes se dirigea directement vers la forme allongée dans l’entrée. C’était une femme d’une quarantaine d’année. Elle présentait une vilaine blessure à l’abdomen. Elle perdait beaucoup de sang et son pouls était de plus en plus faible. Sheldon essaya tant bien que mal d’arrêter l’hémorragie en utilisant des serviettes qui se trouvaient à côté d’elle tandis que Ryan continuait de fouiller la pièce à la recherche du tireur.
Sheldon parlait sans discontinuer à la femme pour qu’elle garde connaissance mais cette dernière respirait de plus en plus difficilement. Il vit les yeux de la victime s’agrandirent soudainement sous l’effet de la peur alors qu’il entendit un bruit de bagarre suivit d’un juron. L’agresseur venait de sortir de sous le lit et courait vers la sortie. Il était déjà dans le couloir de l’hôtel avant que Sheldon n’ait pu réagir. Wolfe qui avait l’arcade ensanglantée le suivit quelques secondes plus tard, dispersant les curieux qui s’étaient agglutinés devant la chambre de la victime.
L’ancien légiste se retourna vers la femme et constata qu’elle avait succombée à ses blessures.
« Sheldon ! Que se passe t’il ?! »
Hawkes releva la tête et vit Natalia. Elle occupait une chambre à l’étage du dessous et était venue chercher Ryan pour dîner.
Le CSI lui résuma rapidement la situation. Il lui confia ensuite le corps et partit à la poursuite de Wolfe et de l’assassin.
Il n’eut pas de mal à suivre leurs traces, suivant les indications des clients terrorisés.

Il déboucha sur l’arrière cour et fit un tour sur lui-même. Personne. Soudain il entendit une nouvelle détonation sur sa gauche. Il se dirigea vers le bruit et vit la tâche claire de la veste de Wolfe devant l’entrée d’un immeuble désaffecté. Il courut jusqu’au bâtiment et rejoignit Ryan.
« Il est entré là dedans. Il faut le suivre.
- Les renforts devraient arriver d’un moment à l’autre.
- Allez voir à l’arrière au cas où il y aurait une sortie, moi j’y vais. »
Sheldon jura en voyant son confrère entrer dans l’immeuble. Reprenant son portable il téléphona à Flack pour lui demander de venir avec ses hommes sur les lieux. Don était déjà en route et il serait là dans une dizaine de minutes.

Il entendit le blanc entrer finalement dans le bâtiment. S’il lui avait tiré dessus au lieu de le frapper avec son arme il n’en serait pas là. S’il n’avait pas mal enclenché son silencieux au moment de descendre cette truie il n’en serait pas là ! Il commençait à perdre le contrôle et ce n’était pas bon. Il essaya de réfléchir mais les pensées se brouillaient sans son esprit malade. Il devait se sortir de là. Et vite !

Ryan se mit à couvert et attendit. L’immeuble, comme le reste du quartier, était à l’abandon et le rez-de-chaussée était un immense espace jonché de gravats. Il n’y avait pas un bruit ; soit le tueur se terrait quelque part, soit il s’était déjà enfui.
Précautionneusement, il fit le tour de l’espace pour se rendre à la porte qui donnait sur l’arrière. Il n’allait pas jouer les héros : avoir une fois reçu un clou dans l’œil lui avait suffit. Rien que d’y repenser il ressentit une douleur sur le côté droit du visage. Il s’essuya la figure et contempla sa main pleine de sang séché. L’enfoiré n’y était pas allé de main morte.
Il déboucha sur une ruelle mal éclairée et rejoignit Hawkes. Ce dernier lui fit comprendre qu’il n’avait vu personne. Au loin les premières sirènes de l’ambulance se firent entendre.