Miami style vs New York style (ship/action)

Une fois remontés à la surface Wolfe et Hawkes furent conduits immédiatement au Mount Sinai Hospital.
Wolfe semblait en assez bonne forme malgré une épaule démise. Sheldon par contre était dans un état plus grave.
Les recherches continuaient afin de retrouver la trace du "tueur des hôtels". Lindsay avait appelé Taylor un peu plus tôt pour lui donner les dernières informations qu’ils avaient pu découvrir à propos de l’homme : les papiers d’identités et autres affaires personnelles retrouvés dans la planque appartenait à un certain Manfred Jeanes. Un marginal de 37 ans. Natif de New-York, Jeanes avait été ballotté de famille d’accueil en maison de correction après avoir été retiré à sa mère qui le battait. D’apparence totalement banale, son physique lui avait permis de passer inaperçu, ce qui expliquait que la police n’avait jamais pu obtenir une description fiable de ce meurtrier qui avait pu agir en toute impunité dans des hôtels de catégorie supérieur loin des motels miteux où ce genre de crime avait habituellement lieu.
Mac s’assura que chacun savait quoi faire au cas où ils retrouvaient Jeanes avant de filer à l’hôpital prendre des nouvelles de Stella.

Mac arrêta son 4x4 à la hauteur de Cécile Rhymes. Cette dernière était au téléphone et tentait de négocier avec une compagnie de taxi qu’une voiture vienne la prendre pour l’amener au Mount Sinai.
« Covoiturage jusqu’à l’hôpital, ça vous tente ? »
La jeune femme raccrocha au nez de l’opératrice et grimpa sur le siège passager.
Le trajet se déroula en silence jusqu’à ce que, n’y tenant plus, Mac posa la question qui lui brûlait les lèvres.
« Comment avez-vous fait pour savoir où nous étions ? »
Il glissa un coup d’œil furtif à Rhymes et cru distinguer un demi sourire dans la pénombre.
« Ce n’est pas parce que je ne travaille plus pour le service information de la police que je n’ai plus mes réseaux de renseignement. »
La jeune femme se retourna ensuite vers la vitre mettant ainsi fin à toute tentative de discussion.

Ils attteignirent l’hôpital quelques minutes après l’ambulance et se dirigèrent vers l’accueil pour prendre des nouvelles de leurs amis.
Arrivée plus tôt, Stella était déjà sortie de salle d’opération. La balle avait été retirée facilement et le scanner n’avait pas révélé autre chose qu’une légère commotion cérébrale due au coup de crosse. La jeune femme resterai en observation deux jours avant de pouvoir rentrer chez elle.
Les deux hommes étaient encore aux urgences. Ryan avait l’épaule luxée et avait été conduit en chirurgie où un médecin allait lui remettre l’os en place.
Sheldon était en salle d’opération. Il s’était cassé des côtes durant sa chute et un des os avait déchiré la plèvre, engendrant un hémothorax. L’hémorragie n’était pas importante et l’équipe allait poser un drain pour évacuer la poche de sang.
La réceptionniste leur assura qu'on allait les tenir au courant et leur proposa de s’installer dans la salle d’attente.
Cécile demanda alors si le lieutenant Bonasera pouvait recevoir la visite de son supérieur afin de recueillir des informations sur les causes de ses blessures. Taylor allait protester mais se retint quand il vit l’infirmière téléphoner au service où avait conduite Stella pour demander si elle était en état de voir quelqu’un. Quand elle raccrocha, elle leur donna le numéro de chambre de la jeune femme et leur indiqua le chemin pour y parvenir.
Dans l’ascenseur, Cécile se tourna vers Taylor
« Comme je vous ai déniché le numéro de chambre de Stella, je vais avoir besoin de votre aide.
- J’aurai très bien pu l’obtenir tout seul, objecta Mac.
- Peut-être, mais pas aussi rapidement. » rétorqua Rhymes.
Mac soupira, s’avouant vaincu.
« Qu’est ce que vous voulez ?
- Votre appui pour obtenir un accès aux urgences afin de voir Sheldon le plus vite possible. N’étant ni de sa famille ni officiellement sa femme, ils ne me laisseront pas l’approcher. »
Elle regardait droit devant elle, cherchant à masquer son angoisse. Mac savait qu’il outrepasserait ses droits s’il répondait à sa requête mais il avait aussi compris que seul son statut de policier lui permettait de voir Stella aussi vite. Rhymes n’avait pas le même atout et il pouvait l’aider.
« D’accord, lâcha t’il. Je vais voir ce que je vais faire. »
Rhymes le remercia d’un mouvement de tête puis sortit de l’ascenseur qui était arrivé à l’étage où Stella avait été amenée.
Mac passa quelques coups de fils et obtint que Cécile puisse se rendre aux urgences dès à présent.
« Merci Mac, et souhaitez un bon rétablissement à Stella de ma part. » le remercia t’elle. Elle lui planta un baiser sur la joue et se dirigea vers les escaliers pour redescendre aux urgences.
Mac sourit en la regardant filer. Il comprenait le besoin qui animait la jeune femme d’être au côté de la personne qu’elle aimait.
Ce même sentiment étant très récent pour lui, il appréhendait un peu le moment où il allait retrouver Stella. Il resta un moment devant la chambre, essayant de faire le tri parmi les choses qu’il était en train de ressentir. Il y renonça et prenant une profonde inspiration il frappa doucement à la porte. N’obtenant pas de réponse, il entra silencieusement dans la chambre.

La pièce était plongée dans l’obscurité. Seule une veilleuse éclairait le visage de Stella. La jeune femme semblait dormir paisiblement et, au grand soulagement de Mac, son visage ne portait aucune trace du coup qu’elle avait reçu. Seule une paire de béquille posée près du lit rappelait qu’elle avait reçu une balle dans la jambe.
Toujours sans bruit Mac approcha un fauteuil du lit et s’assit près de son amie. Il lui prit la main et la regarda dormir. Il lui sembla qu’elle s’était mise à sourire ; comme si elle avait senti sa présence. Apaisé de la voir si sereine dans son sommeil, il décida de la veiller mais il ne tarda pas lui aussi à s’endormir.

Stella s’éveilla et regarda autour d’elle, un peu perdue. Une douleur lancinante au crâne et à la cuisse lui rappela rapidement où elle se trouvait et pourquoi. Tournant la tête elle eu la surprise de voir Mac endormi à côté d’elle. Cela signifiait deux choses. Premièrement, l’intervention était terminée et deuxièmement, il avait tenu sa promesse : il était venu la voir. Cette constatation la remplit de joie bien qu’elle savait que cela ne signifiait rien de spécial. Mac la considérait comme son amie et il tenait toujours ses promesses.
Elle essaye de retirer sa main sans le réveiller mais il ouvrit instantanément les yeux.
« Bonjour, murmura t’elle
- Bonjour. »
Il lui sourit et elle se sentit fondre.
« Tu es venu. »
Elle l’avait tutoyé mais elle s’en fichait. Elle pouvait toujours mettre cela sur le compte du contrecoup.
« Je te l’avais promis. »
Lui aussi l’avait tutoyé ! Stella pensa qu’elle rêvait.
« Tu vas bien ? Continua t’il. Je me suis fait du souci tu sais.
- Pourquoi ? Tu sais que j’ai la tête dure !
- Peut-être pas si dure que l’on croit. »
Il posa sa main sur sa joue. Elle se figea. D’habitude c’était elle qui faisait ce geste. Un geste plein de tendresse et de respect mais qui, ces derniers temps, était devenu un moyen d’avoir un contact plus intime avec l’homme qu’elle aimait. Elle se retira.
« Je t’ai fait mal ? s’inquiêta t’il
- Non. »
Mac se recula contre le dossier du siège et la regarda intensément. Il l’avait troublée et il se demandait si sa réaction était due à la surprise ou au rejet. Il décida qu’il avait le temps pour lui exprimer ce qu’il ressentait. Il ne voulait pas la brusquer et surtout il voulait être sûr qu’elle était prête à entendre ce qu’il brûlait d’envie de lui dire.
« Je vais prévenir l’équipe soignante que tu es réveillée. » l’informa t’il en se levant.
« Tu reviens après ? » Fit elle avec une petite voix.
Mac se retourna et lui sourit. L’espoir faisait briller ses beaux yeux verts.
« Bien sûr je reviens. »

Sheldon ouvrit les yeux.
Il était dans le cocon aseptisé d’une chambre d’hôpital. Ca, il le savait.
Il se rappelait peu de choses depuis la chute, mais en rassemblant les informations retenues lors de ses courts moments de conscience il avait réussi à reconstituer plus ou moins ce qui s’était passé depuis. Il se souvenait de la discussion dans la cave, des sirènes de l’ambulance, de la douleur, des visages de ses amis qui avaient tous passé du temps près de lui. Il avait même aperçu Stella avec des béquilles. Elle n’avait rien de grave, c’était l’essentiel. Il cru se rappeler avoir surpris à travers ses yeux mi-clos Mac poser sa main sur l’épaule de la jeune femme et celle-ci s’appuyer contre le bras de leur patron, un sourire aux lèvres.
Par contre, il avait beau se concentrer il n’arrivait pas à être sûr d’avoir vu Cécile. Son odeur était présente dans son esprit, mais l’avait il fantasmé ?

Il fit l’effort de rester éveillé. Tournant la tête il aperçut Wolfe assis dans le fauteuil réservé aux visiteurs. Le jeune homme présentait un hématome sur tout le côté droit du visage et il avait le bras en écharpe. Il était en train de lire une revue scientifique.
Hawkes grimaça : c’était bien la dernière personne qu’il aurait souhaité voir à son réveil. Il avait encore honte de son comportement face à son collègue. Il tenta de se relever mais une forte douleur au niveau du thorax le força à se rallonger en gémissant.
« Salut Doc, fit Wolfe en se levant. On a fini de dormir à ce que je vois.
- Qu’est ce que tu fous là ? grogna Hawkes d’une voix rauque.
- Moi aussi je suis content de voir que tout va bien ! »
Ryan jeta le magazine sur la table de chevet et s’approcha du lit.
« Hémothorax. Tes confrères ont dit que tu en avais pour encore 1 semaine à l’hôpital et pas mal de temps en repos.
- Et toi ? » Le tutoiement paraissait naturel après ce qu’ils avaient vécu
« Luxation de l’épaule et trauma facial.
- C’est vrai que tu as une sale tronche.
- Le côté baroudeur qui en a bavé ça plait aux filles. Mais trêve de politesse, je suis là pour te préparer à l’engueulade de ta vie.
- Comment ça ?
- Il y a dehors une jeune femme qui aimerait terminer ce que l’ascenseur à commencer, à savoir t’occire. Alors je tenais à te prévenir avant qu’elle ne débarque ici.
- Cécile ?
- Yep !
- Elle est en colère ?
- C’est peu de le dire.
- Pourquoi ? »
Ryan se mit à rire mais arrêta très vite, se tenant l’épaule.
« Tu ne l’aurais pas un peu soupçonné d'avoir été infidèle ? Apparemment elle n’a pas apprécié ton manque de confiance. Mélangé à son inquiétude quant à ta santé, elle est dans un état plutôt … détonnant»
Sheldon ne dit rien et tourna la tête.
« Bon, je te laisse et je vais la prévenir que tu es réveillé.
- Tu ne veux pas rester ?
- Tu plaisantes ? Je déjà dû subir son humeur à ta place pendant que tu dormais ! Et puis je repars pour Miami dans quelques heures. »
Les deux hommes se regardèrent. Sheldon se mit assis tant bien que mal et tendit la main. Ryan paru d’abord surpris puis la serra.
« Bon courage, Doc.
- A bientôt, dans d’autres circonstances. »
Wolfe lui fit un geste de la main puis sortit de la chambre.

Sheldon ferma les yeux quelques instants. Elle était venue. Tout n’était peut-être pas fini.
Il s’en était voulu d’avoir envoyé ce foutu message, mais la jalousie l’avait aveuglé. Il comprit qu’il souffrait de la distance que Cécile avait mise entre eux depuis l’affaire Slavitch. Les moments passés avec elle étaient nombreux et formidables mais elle ne venait plus l’attendre chez lui le soir et elle se confiait moins à lui. La séance photo avec Wolfe en était une preuve ! En un sens elle lui manquait.
Il rouvrit les yeux, alerté par le bruit de talons qui s’approchaient.
Cécile entra dans la chambre brusquement. Elle le regarda lui sourire timidement. Elle referma derrière elle mais resta près de la porte.
« Salut crétin ! »

***

Ryan, qui était resté dans le couloir, sourit. Aux éclats de voix qui provenaient de la chambre, Hawkes en prenait pour son grade. « Ca lui fera les pieds » pensa t’il.
« Hey Ry’ ! On y va ? Le taxi nous attend»
Natalia se tenait près des escaliers. Elle avait posé quelques jours de vacances pour qu’il ne reste pas seul à New-York
« Deux secondes, Nat, juste au cas où on doit porter assistance à personne en danger. »
Rapidement le volume sonore baissa et on n’entendit bientôt que des chuchotements.
« C’est bon, on peut rentrer. » fit Wolfe.
Ils passèrent d’abord au laboratoire de la police scientifique pour faire leurs adieux à l’équipe puis se rendirent à l’aéroport.
Arrivé sur le tarmac Ryan chaussa ses lunettes de soleil.
« Tu nous la joues à la Horatio, le taquina sa collègue
- Je tiens à conserver mes chances auprès des hôtesses de l’air. »
Finalement il était content de rentrer.

***
Cécile avait très peu dormi depuis le coup de fil de Mac, trois jours auparavant. De plus elle avait proposé de donner son sang pour compenser celui que Sheldon avait perdu. Bien qu’elle soit habituée au don celui-ci l’avait épuisé, elle avait fait un malaise.
Elle était donc à bout. Une fois dans la chambre elle explosa. Elle devait sortir tout ce qu’elle avait sur le cœur. Depuis le texto du jeudi elle avait ressenti une multitude de sentiments pour l’homme couché devant elle.
De l’incompréhension face au sms suivie de colère quand elle avait compris qu’il l’avait suivi au studio. Il ne lui faisait toujours pas confiance !
Puis un peu de culpabilité. Elle reconnaissait qu’elle-même n’avait pas été franche en lui cachant qu’elle allait dîner avec Ryan, mais elle avait peur qu’il le prenne mal à cause de la discussion au pub. Elle s’était sentie vraiment mal quand elle avait réalisé que Wolfe était lui aussi CSI et que les deux hommes allaient se côtoyer toute la semaine.
A cela s’était ajoutée l’inquiétude folle de savoir Sheldon blessé puis l’attente après l’intervention et la fatigue.
C’est tout cela qu’elle balança à Hawkes, en vrac, comme cela venait. Elle faisait les cent pas dans la chambre, emportée par son ressentiment.

« Je t’aime »

Cela la stoppa net. Elle se retourna vers Sheldon. Il lui tendait la main. Elle s’approcha et s’assit à côté de lui sur le lit.
Une larme coula sur sa joue que le jeune homme essuya avec le pouce. C’était la première fois qu’il lui disait.
Sheldon profita de son silence pour lui confier tout ce à quoi il avait pensé avant sa venue. Elle l’écouta sans un mot, souriant de temps en temps entre ses larmes.
Il s’arrêta épuisé. Ses côtes le faisaient souffrir et respirer était toujours douloureux.
Cécile se penche sur lui et déposa un baiser sur ses lèvres.
« Je vais te laisser te reposer. Je reviendrais plus tard.
- Tu me pardonnes ? » demanda t’il alors qu’elle allait sortir.
Elle s’appuya contre la porte.
« Ca fait longtemps que je t’ai pardonné, Hawkes. Je te pardonne toujours et tu le sais. »
Elle referma derrière elle et se dirigea vers les toilettes. Tout était plus clair maintenant. Elle savait où elle voulait aller et avec qui.
Elle attendrait cependant quelques jours avant de lui annoncer ce que l’analyse de sa poche de sang avait révélé. Ils avaient eu assez d’émotion pour aujourd’hui. Elle pressa le pas alors que la nausée se fit plus pressante.


FIN