Manhattan Baby - enquête + ship (Smac, Sheldon/OS)

Ils couraient comme s’ils avaient le diable à leurs trousses. Cela dit leurs poursuivants semblaient possédés.
Elle commençait à avoir un point de côté.
« Jerry ! »
Le garçon se retourna et vit qu’elle perdait de la vitesse. Il l’attrapa par le bras et la força à garder le rythme. S’ils les rattrapaient cela allait être pire qu’avant leur fuite. Ils hurlaient derrière eux. Des cris de déments, des rires démoniaques.
Malgré tout ce qu’elle avait entendu sur cette pratique, elle n’aurait jamais cru que cela déraperait autant.
Ils étaient bientôt arrivés au tunnel. Ils seraient en sécurité dans les galeries centenaires. Ils n’étaient plus qu’à quelques mètres. Elle allait crier victoire quand elle entendit un claquement. Jerry s’effondra, l’entraînant dans sa chute. Paniquée, elle tenta de ramper jusqu’à la galerie sans un regard en arrière.
Trop tard ! Ils étaient sur eux.


Il ouvrit les yeux et passa sa main sur la place à côté de lui. Vide. Il tendit l’oreille. Elle était en train de vomir. Il sourit. Depuis qu’il s’était rendu compte de ses nausées matinales il avait compris. Il était médecin après tout.
Après la surprise - elle prenait la pilule théoriquement - et l’appréhension - était il prêt à assumer ?-, il avait ressenti une immense joie. Il attendait maintenant qu’elle se décide à lui annoncer.
Il l’entendit se laver les dents et revenir à la chambre. Il fit semblant de dormir.
« Debout paresseux » lui murmura t’elle en lui léchant le cou. Il frissonna. Il se retourna en se cachant sous le drap. Cela la fit rire.
« Debout ! Debout ! » Chantonna t’elle en sautant sur le lit. Puis elle alla tirer les rideaux et ouvrir la fenêtre. Le soleil d’avril l’aveugla et il se tourna une fois encore en râlant.
« Cécile ! Un peu de pitié pour un convalescent ! »
Il sortit la tête et la regarda. Elle se tenait devant la fenêtre dans une pose qui aurait provoqué de palpitations à n’importe quel voisin qui aurait regardé vers là.
Depuis leur discussion deux semaines plus tôt à l’hôpital elle avait changé. Elle était plus ouverte, plus tendre. Il ne savait pas si cela venait de la maternité mais il n’allait pas s’en plaindre.
Il se leva brusquement, ignorant l’élancement diffus dans son côté gauche, l’attrapa à bras le corps et la ramena dans le lit. Leurs chamailleries se transformèrent rapidement en caresses langoureuses. Ils firent l’amour avec douceur, par égard aux côtes encore fragiles de Sheldon.

Alors qu’ils somnolaient dans les bras l’un de l’autre, Cécile se redressa.
« Je viens de réaliser ! Tu reprends le travail demain.
- Hmm … Fit-il en continuant d’enrouler une des mèches de cheveux de la jeune femme autour de ses doigts.
- Je vais pouvoir arrêter de faire la garde-malade et retrouver ma vie alors. »
Il la regarda, indigné.
« Dis tout de suite que ces deux semaines avec moi ont été un supplice !
- Tu n’imagines même pas, continua t’elle à le charrier. Me coucher avec toi, me lever avec toi, passer une nuit complète avec toi sans qu’un appel intempestif t’envoie sur une scène de crime … Pff ! J’ai eu l’impression d’avoir une vie de couple normal, l’horreur !
- Eh bien rassure toi ! Tu vas bientôt pouvoir retourner dans ton appartement gelé à l’autre bout de Manhattan et te morfondre en attendant mon hypothétique retour. » Lui rétorqua t’il en riant.
Elle prit un air faussement outré et, s’enveloppant dans les draps, quitta la chambre pour la salle de bain.
« Au lieu de douter de mes capacités à affronter la solitude, rends toi utile et prépare le petit déj’ » Lui lança t’elle depuis la douche. L’eau se mit à couler.

Sheldon se recoucha, les mains derrière la tête. Demain il retrouvait le labo et ses collègues. Même si ces quelques jours passés avec Cécile lui avait fait beaucoup de bien, il avait hâte de reprendre le rythme palpitant du terrain.
Il n’y avait rien à faire, l’action lui manquait et il pensait que la jeune femme était elle aussi pressée de reprendre son activité. Elle avait mis son travail de photographe entre parenthèses pour jouer l’infirmière à domicile mais les commandes de reportage s’accumulaient et elle devait les honorer rapidement.
La voix de sa compagne le tira de ses réflexions.
« Ne te rendors pas, sinon je chante ! »
Il grimaça et enfila rapidement un pantalon. Cécile avait beaucoup de qualité mais chanter juste semblait être au-delà de ses forces. Il avait plutôt à intérêt pour la sécurité de ses oreilles à ce que son thé soit prêt avant qu’elle n’ait fini de se préparer.

Comme d’habitude Mac était au bureau avant la plupart de son personnel. Il aimait ces moments de calme où il pouvait relire les dossiers en cours, avancer dans ses tâches administratives ou tout simplement réfléchir à des choses importantes.
Ces derniers temps il réfléchissait beaucoup à une chose très importante : l’évolution compliqué de sa relation avec Stella.
Depuis l’affaire du "tueur des hôtels" et la blessure de la jeune femme il avait réalisé que ses sentiments pour elle était loin d’être purement professionnels. Il avait cru comprendre qu’il ne lui était pas non plus indifférent. Leurs échanges pendant l’hospitalisation de cette dernière avaient été tendres. Il s’était montré prévenant, elle avait accepté ses marques d’affection avec une certaine joie.
Puis elle était rentrée chez elle. Il avait essayé de venir la voir aussi souvent que possible et 3 soirs il était passé après le travail. Elle lui avait offert un café, se démenant tant bien que mal avec son attèle. Ils avaient ensuite discuté jusqu’à tard dans la nuit, mais ni l’un ni l’autre n’avait abordé LE sujet. Aucun n’avait osé faire le premier pas.
Il était reparti à chaque fois frustré.
Maintenant que Stella avait repris le travail, c’était pire. Il se devait de garder son impassibilité de chef et elle s’était lancée corps et âme dans le travail pour rattraper sa semaine « d’inutilité » comme elle l’appelait. Ils avaient donc eu peu d’occasion de se retrouver seuls.
Mac voyait ses chances de lui avouer ses sentiments s’éloigner de jour en jour et craint d’avoir laissé passer sa chance. Il soupira en attrapant un dossier en attente. Pourquoi ses relations avec les femmes étaient toujours aussi compliquées ?



Elle le regardait par-dessus sa tasse de thé, une étincelle dans le regard.
« Qu’est ce qu’il y a ?
- Tu es prêt pour la sortie ? »
Pendant ses deux semaines de convalescence ils avaient pris l’habitude de sortir profiter du soleil printanier lors de longues ballades dans les rues de New York.
« Déjà ?
- Il faut te réhabituer à des horaires normaux si tu retournes sur le terrain demain ! En plus j’aimerai que tu m’accompagnes quelque part. »
Il la regarda. Elle paraissait très excitée. Peut être avait elle rendez-vous avec son médecin ?
« Bon d’accord, on se dépêche. »
Une heure plus tard elle le trainait sur les trottoirs huppés de l’Upper East Side mais il ne voyait aucune plaque indiquant un gynécologue sur les façades des maisonnettes qu’ils longeaient.
« Mais, où m’amènes tu ?!
- Tu te souviens que je voulais changer d’appartement ? Eh bien j’ai trouvé quelque chose et je voudrais ton avis. »
Sheldon était un peu déçu, ce n’était pas ce à quoi il s’attendait. D’un autre côté, Cécile avait l’air si enthousiaste. Elle lui avait déjà dit qu’elle voulait revendre son ancien appartement mais elle n’avait jamais fait allusion à venir s’installer chez lui. Le fait qu’elle achète seule un nouveau logement montrait qu’il y avait encore du chemin à faire avant qu’elle l’accepte complètement dans sa vie.
Quelques mètres encore et elle s’arrêta devant une porte où un écriteau « à vendre » tout neuf était accroché. Elle frappa en lui faisant un clin d’œil. Un homme – l’agent immobilier – leur ouvrit. Après les présentations il commença la visite.
La petite maison était charmante et chaleureuse. C’était un duplex avec une belle cuisine à l’ancienne, un grand salon et deux chambres et un bureau à l’étage.
« Un peu grand pour elle » se dit Sheldon qui n’écoutait que d’une oreille distraite le boniment du vendeur.
« Parfait pour accueillir une jeune famille ! » conclut l’agent.
A ces mots Sheldon fronça les sourcils. Il se tourna vers sa compagne qui n’avait pas lâché son bras de toute la visite. Elle lui offrit un sourire radieux puis se retourna vers l’homme.
« Vous nous accordez un instant ? »
L’agent redescendit dans l’entrée.
« Ca te plaît ? demanda t’elle en regardant par la fenêtre
- C’est magnifique, reconnut il
- Moi j’adore. Je m’y sens bien.
- Tu ne vas t’y perdre ? C’est grand. Demanda-t-il innocemment.
- Ne faites pas celui qui n’a rien compris Dr Hawkes ! le réprimanda t’elle
- Qu’est ce qu’il y a à comprendre ?
- Tu veux une demande officielle ? »
Pas sûr de ce qu’elle entendait par là il acquiesça. Elle prit alors une profonde inspiration et sortit un anneau de sa poche. Elle lui attrapa la main et lui passa le cercle autour du doigt.
« Sheldon, veux-tu officiellement habiter avec moi ? »
Hawkes regarda sa main. Au bout de l’anneau pendait un rectangle de cuir noir cerclé d’acier. Un porte-clés !
« Tu en fais une tête ?!
- J’ai cru que tu me demandais en mariage …
- Chaque chose en son temps. Alors ?
- C’est un peu soudain et je ne sais pas si j’ai les moyens de … »
Elle l’embrassa.
« OK, Doc. Pas de panique. Moi j’ai les moyens. Alors on va dire que ce sera chez moi et si un jour tu en as envie tu viendras t’installer ici. Et pour payer ta dette j’exploiterai honteusement ton corps.»
Il lui sourit et lui caressa la joue.
« Garde le porte-clés, insista t’elle. J’ai déjà mis les clés de chez toi sur le mien. »
Elle redescendit rejoindre l’agent immobilier pour discuter prix, disponibilité et contre-visite.
Hawkes resta un peu à l’étage. « Pourquoi pas » se dit-il.
Il décida de se laisser quelques jours de réflexion.



« Putain ! Mais où ils se sont encore cachés ! » Jared ajusta sa casquette. Il adorait jouer au Paint-Ball avec Sam et Mike mais dans le terrain vague, pas dans le coin des égouts : ca puait un max et sa mère allait encore le tuer parce que ses fringues étaient sales.
Il longea le tuyau en se collant aux parois afin que son corps maigre se fonde dans l’ombre. Quelque chose le frôla et il retint un cri. Un rat ! Il avança encore plus lentement. Il n’avait pas peur des rats mais celui-ci était particulièrement gros. « Il doit bouffer des chats ! » Il continuait de progresser tout en maudissant ces copains qui le faisaient tâtonner dans ce tunnel qui puait les ordures et une autre odeur acre.
Le garçon fit encore quelques pas et trébucha dans quelque chose de mou. Il se releva et activa la petite veilleuse de son fusil à peinture.
Son hurlement résonna dans toute la galerie.

Chapitre 3


Stella referma son casier. C’était reparti pour une nouvelle journée. Elle se frotta la cuisse à la hauteur de sa récente blessure. La cicatrisation se passait bien mais qu’est-ce que cela tirait !
Elle entendit quelqu’un entrer dans les vestiaires et se retourna.
« Sheldon !
- Salut Stella ! Comment va notre estropiée ?
- Pas mal et toi ? Plus besoin d’assistance respiratoire ?
- Comme tu le vois. »
Elle lui posa la main sur l’épaule.
« Contente que tu sois de retour.
- Eh moi donc ! »

Hawkes retrouva son bureau avec plaisir même s’il avait mis un temps fou à l’atteindre, arrêté tous les deux mètres par un collègue lui souhaitant un bon retour.
Il alluma son ordinateur et jeta un coup d’œil à ce qui se trouvait sur la table : sa pile de dossiers en attente avait bien diminuée et sa corbeille à courrier était vide. Il avait vraiment des collègues en or.
Il parcouru rapidement ses e-mails dont la plupart était des newsletter scientifiques et des directives internes. Parmi les quelques messages de bon rétablissement il y avait un mail de Ryan Wolfe. Le CSI de Miami lui avait mis en pièce jointe une des photos que Cécile avait fait de lui un mois auparavant accompagné du commentaire "En tout bien tout honneur". Hawkes sourit, c’est vrai que c’était un brave garçon derrière son apparence suffisante.
Il laissa ensuite son ordinateur se mettre à jour et alla se présenter à son chef.
Taylor était au téléphone quand il arriva à sa porte.
« Hawkes ! L’accueillit Mac avec un sourire une fois sa communication terminée. Prêt à reprendre du service ?
- Impatient même.
- Ca tombe bien. C’était Flack. On a deux corps retrouvés dans les égouts près de Randalls Island Park. Prévenez Danny. »


Flack les attendait à quelques pas de l’entrée d’un énorme tuyau, un air dégoûté sur le visage.
« Bonjour Don, le salua Taylor. Qu’est-ce qu’on a ?
- Messieurs, prenez un bon bol d’air, vous allez en avoir besoin. »
Il entra dans la galerie, suivi par les trois scientifiques. Au bout d’une centaine de mètres de pente douce ils débouchèrent sur un croisement de plusieurs canalisations. Sous la lumière cure des projecteurs, deux cadavres gisaient dans l’eau croupie.
Mac, respirant par la bouche pour ne pas sentir l’odeur de la décomposition mêlée à celle de la chair brûlée s’accroupit près du couple tandis que Danny commençait à photographier la scène.
Le premier corps était encore en assez bon état pour que l’on puisse reconnaître un jeune homme d’une vingtaine d’année. Celui du dessous était par contre complètement carbonisé
« Un gamin du coin est tombé dessus pendant une partie de Paint-ball, les informa Don. Pour l’instant on n’a aucune information sur eux. Pas de papiers d’identité, pas de téléphone portable. Rien. »
Danny se tourna vers son patron.
« C’est un coin réputé pour ses junkies. Un deal de drogue qui aurait mal tourné peut être ?
- En tout cas ils ont été déplacés, les informa Hawkes. Ou tout du moins celui de la victime du dessus. Les lividités cadavériques de ne correspondent pas à la position du corps.
- Et l’heure du décès ? Voulu savoir Mac
- Vue de l’état de décomposition de celui-là, au moins de deux jours, répondit Sheldon en se relevant. Pour le corps brûlé je ne peux rien dire.
- Bien, on les envoie à Sid. »

« Un barbecue dans les égouts c’est sympa comme cadeau de retour ! lança Danny alors que Hawkes et lui remontaient vers la surface.
- On ne pouvait rêver mieux pour se remettre dans le bain.
- Allez on rentre, c’est fini de se la couler douce ! »

Une fois arrivés au labo les deux CSI passèrent voir Sid qui avait commencé l’autopsie du jeune homme.
Le légiste leur lança un drôle de regard.
« Je suis habitué à l’odeur parfois peu ragoutante des corps que vous me ramenez mais j’ai plus de mal quand la puanteur viennent d’organismes bien vivants. »
Sheldon et Danny se regardèrent un peu surpris, c’était donc à cause des émanations d’égouts que leurs collègues se poussaient de leur chemin depuis tout à l’heure. Hawkes haussa les épaules et Danny croisa les bras.
« Allez Sid, vous n’allez pas faire votre délicat ! Si vous nous dites tout ce que vous savez, on débarrasse le plancher direction les douches illico. »
Hammerback renifla, peu convaincu.
« Alors nous avons là un homme d’une vingtaine d’année. Bonne condition physique apparente. Mais dans son mollet droit j’ai trouvé ceci. »
Sid leur montra une petite boîte.
« On dirait un plomb, remarqua Hawkes
- Trop petit pour provoquer une quelconque blessure et encore moins la mort. Ca picote un peu et c’est tout. A l’intérieur c’est autre chose, continua le ME. Son estomac sentait un peu comme vous et à première vue il était rempli d’une multitude de choses diverses et variées non digérées comme du chocolat, des abats, de la crème de marron, de l’herbe, …
- Il avait mangé de la marijuana ? le coupa Messer
- Pas cette herbe là, c’est plutôt du Lolium perenne. » Répondit Sid en leur montrant un brin qu’il avait repêché dans le récipient à côté de lui.
« Du ray-grass anglais, fit Sheldon.
- Une nouvelle marque de salade, essaya de plaisanter Messer
- C’est une herbe composant le gazon, expliqua son collègue.
- Ce gars a brouté une plate-bande ?!
- Ca m’en a tout l’air messieurs. Et il a arrosé le tout avec une copieuse dose d’alcool !
- Ne me dites pas que c’est son dernier repas qui l’a tué.
- Non, c’est ceci. »
Sid tourna la tête du mort et leur montra un renfoncement dans la base du cou.
« Il a eu la nuque brisée par un coup pas forcément violent mais bien placé.
- Il n’est donc pas mort d’une indigestion, fit Danny. OK Sid, on va travailler sur ce que vous avez déjà trouvé en attendant que vous fassiez l’autopsie de l’autre corps. »
Ils prirent les pièces à conviction fournies par Sid et s’apprêtaient à rejoindre le labo quand ce dernier les interpella.
« Les douches c’est par là, je vous rappelle. »
Penauds les deux scientifiques changèrent de direction.